Bonjour,
Ce petit village de montagne au fond d’un
cul-de-sac du Beaufortain m’attendait alors que j’étais encore en Nouvelle
Zélande. Six mois sont passés et je viens juste d’arriver. A première vue rien
n’a changé. Le Nid D’Aigle est toujours magnifique même sous les nuages gris,
le refuge des marmottes avec tous ses cœurs semble encore plus chaleureux, il s’est
patiné.
Ce petit carré de vie qui domine à peine la
station me semble idéal pour un moment de retraite. Je devrais dire un moment de
retrait pour être plus vrai. Rentrer des Antipodes ne se fait pas comme vous le
pensez, retour à la maison, bisou-bisou aux garçons et aux amis proches et
basta se poser en Andalousie. C’est ce que vous voyez, mais comme la vie ce
n’est qu’une illusion. Comme mon retrait au fond de la vallée.
Aller à l’autre bout du monde c’est faire
en quelques mois une révolution complète de la Terre et mais surtout de
soi-même. Le Nid D’Aigle n’est pas là par hasard, je vous le dis sans arrêt dès
que j’ai un bout de papier à vous envoyer, le hasard n’existe pas. Beaucoup
pensent que je galège par un effet de style, je vous rassure ce n’est pas le
cas. J’ai pris soin depuis quelques semaines de vous envoyer des bribes des
découvertes nouvelles qui me font dire que nous vivons une époque formidable.
Difficile mais formidable.
A la réflexion était-il plus facile de
devoir être cueilleur-chasseur ou de tenter de survivre en temps de guerre ou
entre deux guerres ? Depuis 72 ans bientôt nous sommes en paix et si l’on
écoute trop la télé il est difficile de s’en persuader. Je vous le dis
franchement, j’ai laissé tomber cet écran réellement depuis deux années. Sauf pour
le sport…
A bien y réfléchir, j’ai pris non pas cette
décision mais cette habitude en Australie en cherchant à comprendre la vie de
cette île immense, plus qu’un pays, qui offre en raccourci une dichotomie
saisissante. Les Australiens s’emmerdent sur la côte en empêchant les
Aborigènes d’être heureux dans le bush comme ils le demandent. Cela réclame un
développement mais pas maintenant…quand vous prenez conscience de ce drame, ce
que peut dire la télé a moins d’intérêt.
J’en étais là quand à peine rentré je
devais constater que la Nouvelle Zélande m’avait parue mieux structurée, plus
intégrée. Mais j’étais au fond de moi intrigué pour ne pas dire insatisfait.
L’impression de n’avoir pas tout compris, une sorte d’incrédulité. Je ne sais
pas d’où je sors cette curiosité (façon de parler, parce que je sais d’où je la
tiens) mais je savais que je devais y retourner. Si les chasseurs-cueilleurs
devaient être patient pour bien vivre nous on a l’impression que d’être pressé
sans arrêt remplit le temps de toutes nos journées.
Je suis en paix avec moi-même mais j’ai
plusieurs guerres en moi. Les mémoires
que m’ont laissé mes ancêtres comme à chacun de nous mais une toute particulière,
celle du rugby. Le sport a remplacé les luttes ancestrales et le rugby pour moi
continue les guerres de clochers, la guerre de Cent Ans et les guerres
coloniales. Et justement une fois tous les 12 ans les Lions Britanniques et
Irlandais, vont aller affronter les All Blacks, fils des enfants de leurs
colonies.
L’occasion est trop belle d’aller passer
l’hiver sur ces Iles qui ne m’ont pas tout livré. Un microcosme sur cette Terre
avec tous les problèmes liés à ce que le monde connaît. Mais une terre bien
limitée par ses eaux, ce qui permet de se sentir plus concerné, comme ici en
retrait. Le voyage en fait aujourd’hui encore n’est pas terminé, chaque jour
dans ma tête arrivent des flashes de choses dont je n’ai pas parlé. Des prises
de conscience si profondes que je ne peux les garder pour moi, ces quelques
semaines de retrait vont m’y aider. Trois mois la tête aux pieds a changé ma
façon de penser.
Ces deux voyages passés loin de France
m’ont rendu plus attentif, j’allais dire concentré. Partir aussi loin en pleine
campagne électorale a fait beaucoup de bien. J’ai eu l’envie depuis tout petit
de comprendre le monde et d’y prendre ma place intuitivement. Et en Australie
comme en Nouvelle Zélande le bruit fait autour de la mondialisation, de la
globalisation comme ils disent, fait beaucoup moins d’écho qu’en France. Ce qui
fait que c’est plus facile d’entendre les défauts qu’elle engendre.
All Blacks ou Wallabies de tout poil sont
heureux de nous rencontrer, ils semblent fiers que nous soyons venus les voir.
En grattant un peu plus, ils concèdent que nous sommes râleurs et batailleurs.
Mais que l’on a du génie. Sur tout cela je les suis, pour deux raisons. Jean de
Bony, décrypte dans nos mains notre tempérament de français, il dit que de tous
temps, de manière innée nous sommes circonspects. Une histoire de dessin d’empreintes
digitales, une réalité pour défendre nos idées. Pour ce qui concerne le génie
j’adhère aussi, comme forgeron j’y ai participé. Nous avons tellement intéressé
les japonais avec notre savoir faire qu’ils ont acheté les secrets de la dernière
usine que j’ai commandée. J’en suis fier, aujourd’hui, elle est la première d’Europe
et en rentrant de Nouvelle Zélande j’y suis repassé, pour apprendre qu’un plan
de développement était en place pour devenir premier mondial dans les
prochaines années.
A chaque pas la Nouvelle Zélande me
rattrape. Mon premier travail en arrivant à Arêches c’est de garer la voiture.
Elle ne va plus bouger durant le séjour. Une fois fait j’ai dû constater que
Monique et Yves avaient commandé la neige dès mon arrivée. J’ai failli ne pas
pouvoir monter tellement la pluie avait raviné la montagne, mais les Ponts et
Chaussées avaient tout arrangé. En une journée la neige s’est tassée de 35cm.
Cette nuit il a neigé à nouveau…Je ne vous dit pas comme c’est beau !
La marche pour aller chercher les épices ou
le journal est toujours un moment privilégié. Facile en descendant, les idées
bouillonnent en remontant. La pancarte au bord de la route rappelle que Le
Planay est un village de fermes où les vaches vont librement au pâturage. In
petto je me suis dit qu’elles avaient plus de chance qu’en Nouvelle Zélande où
elles vivent en carré contrôlé, presque par ordinateur. Au moins ici elles
peuvent courir, tomber, gambader pour faire du lait. Je n’en bois pas depuis longtemps,
j’en ai été dégoûté à l’école de la République. Je n’étais pas rachitique mais
un ministre avait décidé que l’on devait avoir la santé. Ce qui n’est plus le
cas.
Boire du lait c’est juste qu’on devrait
quand on est enfant. On devrait téter le lait de sa maman. Puis avant trois ans
arrêter tout ça, le calcium se fait autrement, on a un corps d’une intelligence
rare pour cela. On nous a inculqué des croyances pour faire prospérer
l’industrie. Nous avons cru à un système qui nous pourrit la vie.
De la même façon nous ne devrions manger du
fromage qu’une fois par semaine et ne boire jamais de lait après avoir été
sevré. Nos croyances sont bien ancrées alors que pour nous servir les animaux
sont maltraités. Les vaches, moins les brebis et surtout pas les chèvres, elles
ont rebelles. Les Néozélandais premier producteur mondial fabriquent pour les
asiatiques aujourd’hui. Eux aussi ont été convaincus par le neuromarketing féroce
des grands industriels des produits laitiers. Une aberration quand on sait
qu’en Inde les vaches sont sacrées et qu’en Asie elles sont trop chères à
élever. Confucius doit être énervé !
Je dis cela parce que je crois à d’autres
histoires plus près de la Nature. J’ai étudié un jour l’ergonomie et les lois
de l’équilibre physiologique et psychique des hommes et des femmes au travail.
Cela m’a servi à créer des systèmes techniques aujourd’hui dépassés mais aussi
une manière de penser que la vie doit être équilibrée. Un adepte de l’écologie
humaine, ce qui me fait hurler contre les partis qui revendiquent l’écologie
politique pour briguer un bout de pouvoir. Il me semble que la chimie a pris le
pas sur la Nature pour créer des molécules qui ne nous procurent pas la santé.
Un système a été mis en place comme si l’on voulait empoisonner l’humanité. Un
cercle vicieux qui m’a sauté aux yeux !
En Nouvelle Zélande je le dis carrément ils
ne savent pas manger. Ils n’ont aucune idée de ce qu’est la cuisine. Il n’y que
des fast food et quand vous entrez dans un restaurant qui paraît huppé, vous ne
pouvez commander que des plats rapidement préparés. Cette vitesse pour manger
ne me plait pas depuis longtemps déjà. En fait je mange rapidement de bonnes
choses. Je ne devrais pas faire ainsi, mâcher plus mais je sais que je ne mets
pas n’importe quoi dans mon assiette. Bien manger c’est la santé, je viens de
l’expliquer avec beaucoup d’amour à mon petit fils qui justement a choisi le
métier de cuisinier.
Pourquoi continuer d’accepter de manger
industriel ? Ce que nous mangeons est fait sans amour cela ne peut pas
nous faire de bien. On mange trop parce que ce qui nous est proposé n’est plus
vivant. Notre cerveau nous dit cela tout le temps et l’on ne l’entend pas.
Quand je parle de ça à mes enfants ils
pensent que le vieux radote en vieillissant. Trois aliments sont au cœur de nos
problèmes de santé et personne ne veut s’en occuper. A Marrakech j’ai rencontré
Kodjo, chimiste et cuisinier (né de parents Togolais) qui m’a expliqué en long
en large et en travers les méfaits du gluten. Qu’on peut ne pas être intolérant
au gluten mais qu’il nous fait tout de même du mal en se collant aux parois du
système digestif entraînant des problèmes importants. Manger trop de pain ne
conserve pas la santé.
Toujours pour la santé le sucre quelle que
soit sa qualité est dans tous les plats préparés en grande quantité. Troisième
élément qui nous envoie tout droit chercher des médicaments. La boucle est
bouclée. Nos chercheurs sont arcboutés pour trouver des solutions à nombre de
maladies payés par des industriels qui nous empoisonnent. Même les systèmes
sont infectés.
Quelle mouche m’a piqué ? Aucune. J’étais
habillé avec un filet quand les Aborigènes m’ont montré et fait goûter, comment
ils mangeaient quand ils vivent dans le bush. Nous avons les enzymes qu’ils
n’ont pas pour digérer le sucre et l’alcool, mais nous ne vivons pas mieux
qu’eux. Le peu qu’ils mangent leur donne de l’énergie pour courir le bush alors
que les quantités que l’on ingurgite ne nous font aucun effet si ce n’est de
s’affaler sur un sofa devant la télé.
Inutile de vous dire que tout ce dont je
vous parle, je n’en mange que très peu, je veux vivre vieux sans m’ankyloser. J’aimerai
que plus d’entre nous prenne cette information non pas pour tout changer, je
sais que c’est difficile mais simplement pour améliorer leur quotidien.
Je sais qu’à Arêches des phrases comme cela
ne vont pas me rendre populaire mais il en est ainsi. Porter du fromage pour
faire plaisir, cela me gêne un peu quand je sais qu’il peut faire mal. Je fais
attention aussi au saucisson ou au jambon sauf si je sais qu’il est cuisiné à
la ferme. Dans le cochon tout est bon à condition qu’il soit bien cuisiné. Avec
du sel et du poivre vrais. Pas des molécules chimiques comme dans l’industrie
qui elles aussi ne nous arrangent pas la vie. Ce qu’il y a de bien avec les
normes européennes tant décriées, c’est qu’elles ont mis des chiffres faciles à
retenir. Quand je parle de E250, je ne parle ni d’une moto, ni d’une Mercédès
maintenant mais du Nitrite de Sodium. Lui aussi un poison.
Vous voyez où ces voyages m’ont entraîné.
Avant au moins je la fermais. En rentrant tout ce que j’ai rencontré qui m’a
choqué chez les Australiens et les Néozélandais j’ai décidé de vous en parler.
Vous nous avez dit que nous étions dans des pays idylliques or l’univers est en
équilibre, chaque qualité à son défaut, le chaud s’oppose au froid.
Voilà c’est un début, je ne vais pas
m’arrêter là. Pour les vœux de 2018, je me suis promis de moins parler,
d’écrire beaucoup plus et surtout de faire encore mieux de le faire savoir. J’ai
engagé une nouvelle année scolaire pour savoir vraiment comment faire.
Il se peut que d’ici la fin de l’année,
vous ayez laissé tomber la télé pour venir sur Internet. Il y a plein de choses
intéressantes à y trouver. Les jeunes gens l’ont déjà fait, les parents sont
toujours un peu en retard. C’est pour les gamins que je fais, ils me font
rester jeune, je leur dois bien ça.
Ce sont eux qui feront les choix,
d’ailleurs en vous disant cela, je sais que certains y pensent déjà…
A Suivre…
Michel
Prieu
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