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B9 - Sacré rugby (27-6-16)

Centraliser ? Décentraliser ? Développer le rugby ? L’air de Bretagne doit être vivifiant car après les tristes critiques de la semaine dernière le jeu s’est développé pour cette première demi-finale entre le Racing et Clermont Ferrand. Le Racing 92 a joué façon Europe, cherché l’intervalle et passé le ballon. Du beau, du bon rugby solide d’autant plus que la réplique de Clermont était à la hauteur de son adversaire, d’où un jeu enlevé, disputé, sacré rugby !

Professionnel ou pas ce rugby-là est fait pour remplir les stades. Rugby de haut niveau …qui se joue sur des détails. Détails de précision qui marquent des différences d’approches mentales. Carter d’abord, ce maître à jouer qui sait entraîner les autres à être aussi intelligents que lui. Coups de pattes ou coup de pieds majeurs ou encore plaquages déterminants et le Racing 92 change de nature. Ce joueur est une merveille d’équilibre dans sa frappe comme dans sa vision du jeu. Beau et efficace.

Le Racing 92, au lieu de se recroqueviller comme beaucoup pouvaient le penser après sa défaite face aux Saracens avait choisi stratégiquement de jouer pour gagner, c’était palpable dès le début de l’affrontement.

Dans ce match, les poteaux sont même entrés en jeu, touchés par les deux équipes et la réplique des auvergnats n’a pas été avare, jusqu’au « money time ». Quel pied de nez à une réputation moqueuse. Avares avec leur portefeuille, ils sont depuis des années incapables de gérer leurs fins de matches. Ils devraient programmer un stage de formation accélérée chez Tony Parker à San Antonio durant les vacances prochaines.

Entre touches non trouvées pour gourmandise incompréhensible de la part d’un ouvreur chevronné et manque de patience leurs espoirs se sont envolés. Décisions d’arbitrage difficiles mais surtout oublis fâcheux de la part des juges. Je ne comprends toujours pas à quoi servent les juges de touches qui ne voient rien du jeu. J’en parle car c’est récurant et que rien ne change dans ce domaine non plus. Ils interviennent sur des peccadilles et oublient des fautes patentes voire d’antijeu. La phase du dernier essai méritait d’être regardée plus complètement. La faute est derrière l’ailier …Fait de jeu ? Faute d’antijeu.

Le lendemain, la journée s’est passée à regarder les All Blacks jouer All blacks : entrer doucement dans la partie contre les Gallois pour leur pomper l’énergie. Les laisser espérer, puis mettre l’accélérateur au plancher, semer leur adversaire et gérer la fin de match pour sereinement finir la rencontre. Entre regrets et espoirs des battus, la publicité du match suivant est bien élaborée.

Australie-Angleterre, les anglais montrent leurs muscles avec toujours cette arrogance maladive et mal venue de Owen Farrell. Ce jeune homme est infect et il faut des juges britanniques pour ne pas le condamner pour mauvais esprit permanent. Un français se permettrait ce qu’il a fait encore pendant et en dehors de ce match, il serait suspendu au moins 55 semaines !

Une mise en bouche, pour en arriver après une partie de golf juste avant l’orage au combat des poids lourds. Je dis cela car le weekend dernier j’étais à Montpellier pour assister aux escarmouches de pugilat non gérées par Monsieur Cardona. Ce match a été pourri par manque de décisions claires. L’armée Du Plessis était là donc et Smith aux commandes. Mais pour deux matches qui lui restent à piloter Toulon, Bernard avait rudement bien préparé son affaire. La campagne présidentielle est lancée, il s’est consacré à la préparation minutieuse de son équipe. Autant dire qu’il est entré dans les détails, qu’il a peaufiné sa composition, sûrement travaillé les egos. Il a construit du lourd, pour taper dans la butte des sud-africains. Le gratteur écarté est revenu et a fait son boulot. L’interrogation du blessé titularisé laissée aux supputations des journalistes. Obnubilés par le cas du revenant, ceux-ci n’ont pas eu le temps de dire aux Montpelliérains que l’effort serait porté sur leur point fort : l’engagement frontal, où cela fait mal. Stratégie gagnante du Bernie qui sait gagner et qui sait faire gagner. Un beau match encore, différent avec un Ma’a Nonu perforant, au combat qui donne l’exemple une fois de plus. Halfpenny n’a rien fait à moitié et le pari tenté a été gagnant. Il n’a rien raté quand il avait à buter, sans flamber, pragmatique. Bien joué.

Et dans tout cela les Français en Argentine ? Match perdu mais qui a montré qu’avec une bonne stratégie là aussi les jeunes n’ont pas été ridicules face à des Argentins bien rodés par les Italiens. Cette jeunesse est belle et ressemble assez à ce que j’ai vu en Australie et Nouvelle Zélande. Quand j’y suis arrivé au mois de février dernier, c’est ce que j’ai retenu du premier match de la Western Force, des gamins sur le pré pour jouer. Guy Novès y a été forcé par un calendrier mal concocté mais il a eu le temps lui aussi de les préparer, de leur redonner le goût de jouer. Trop peut-être, mais avec un peu plus de réflexion et le renfort d’anciens un équilibre pourrait être trouvé. Avant le prochain test, on peut bien espérer…

Souhaitons que Bernie soit élu et fasse le ménage dont je le crois capable dans toute la FFR. Qu’enfin dans cet antre, on puisse rêver d’un rugby adapté au monde d’aujourd’hui avec encore ses valeurs d’antan. Et que peut-être on voit enfin venir le redressement que le peuple d’Ovalie attend....



  

Michel Prieu

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