Centraliser ?
Décentraliser ? Développer le rugby ? L’air de Bretagne doit
être vivifiant car après les tristes critiques de la semaine dernière le jeu
s’est développé pour cette première demi-finale entre le Racing et Clermont
Ferrand. Le Racing 92 a joué façon Europe, cherché l’intervalle et passé le
ballon. Du beau, du bon rugby solide d’autant plus que la réplique de Clermont
était à la hauteur de son adversaire, d’où un jeu enlevé, disputé, sacré
rugby !
Professionnel ou pas ce
rugby-là est fait pour remplir les stades. Rugby de haut niveau …qui se joue
sur des détails. Détails de précision qui marquent des différences d’approches
mentales. Carter d’abord, ce maître à jouer qui sait entraîner les autres à être
aussi intelligents que lui. Coups de pattes ou coup de pieds majeurs ou encore
plaquages déterminants et le Racing 92 change de nature. Ce joueur est une
merveille d’équilibre dans sa frappe comme dans sa vision du jeu. Beau et
efficace.
Le Racing 92, au lieu de
se recroqueviller comme beaucoup pouvaient le penser après sa défaite face aux
Saracens avait choisi stratégiquement de jouer pour gagner, c’était palpable
dès le début de l’affrontement.
Dans ce match, les
poteaux sont même entrés en jeu, touchés par les deux équipes et la réplique
des auvergnats n’a pas été avare, jusqu’au « money time ». Quel pied
de nez à une réputation moqueuse. Avares avec leur portefeuille, ils sont
depuis des années incapables de gérer leurs fins de matches. Ils devraient
programmer un stage de formation accélérée chez Tony Parker à San Antonio
durant les vacances prochaines.
Entre touches non
trouvées pour gourmandise incompréhensible de la part d’un ouvreur chevronné et
manque de patience leurs espoirs se sont envolés. Décisions d’arbitrage
difficiles mais surtout oublis fâcheux de la part des juges. Je ne comprends
toujours pas à quoi servent les juges de touches qui ne voient rien du jeu.
J’en parle car c’est récurant et que rien ne change dans ce domaine non plus.
Ils interviennent sur des peccadilles et oublient des fautes patentes voire
d’antijeu. La phase du dernier essai méritait d’être regardée plus
complètement. La faute est derrière l’ailier …Fait de jeu ? Faute d’antijeu.
Le lendemain, la journée
s’est passée à regarder les All Blacks jouer All blacks : entrer doucement
dans la partie contre les Gallois pour leur pomper l’énergie. Les laisser
espérer, puis mettre l’accélérateur au plancher, semer leur adversaire et gérer
la fin de match pour sereinement finir la rencontre. Entre regrets et espoirs des
battus, la publicité du match suivant est bien élaborée.
Australie-Angleterre, les
anglais montrent leurs muscles avec toujours cette arrogance maladive et mal
venue de Owen Farrell. Ce jeune homme est infect et il faut des juges britanniques
pour ne pas le condamner pour mauvais esprit permanent. Un français se
permettrait ce qu’il a fait encore pendant et en dehors de ce match, il serait
suspendu au moins 55 semaines !
Une mise en bouche, pour en arriver après une
partie de golf juste avant l’orage au combat des poids lourds. Je dis cela car
le weekend dernier j’étais à Montpellier pour assister aux escarmouches de
pugilat non gérées par Monsieur Cardona. Ce match a été pourri par manque de
décisions claires. L’armée Du Plessis était là donc et Smith aux commandes.
Mais pour deux matches qui lui restent à piloter Toulon, Bernard avait rudement
bien préparé son affaire. La campagne présidentielle est lancée, il s’est
consacré à la préparation minutieuse de son équipe. Autant dire qu’il est entré
dans les détails, qu’il a peaufiné sa composition, sûrement travaillé les egos.
Il a construit du lourd, pour taper dans la butte des sud-africains. Le
gratteur écarté est revenu et a fait son boulot. L’interrogation du blessé
titularisé laissée aux supputations des journalistes. Obnubilés par le cas du
revenant, ceux-ci n’ont pas eu le temps de dire aux Montpelliérains que
l’effort serait porté sur leur point fort : l’engagement frontal, où cela
fait mal. Stratégie gagnante du Bernie qui sait gagner et qui sait faire
gagner. Un beau match encore, différent avec un Ma’a Nonu perforant, au combat
qui donne l’exemple une fois de plus. Halfpenny n’a rien fait à moitié et le
pari tenté a été gagnant. Il n’a rien raté quand il avait à buter, sans
flamber, pragmatique. Bien joué.
Et dans tout cela les
Français en Argentine ? Match perdu mais qui a montré qu’avec une bonne
stratégie là aussi les jeunes n’ont pas été ridicules face à des Argentins bien
rodés par les Italiens. Cette jeunesse est belle et ressemble assez à ce que
j’ai vu en Australie et Nouvelle Zélande. Quand j’y suis arrivé au mois de
février dernier, c’est ce que j’ai retenu du premier match de la Western Force,
des gamins sur le pré pour jouer. Guy Novès y a été forcé par un calendrier mal
concocté mais il a eu le temps lui aussi de les préparer, de leur redonner le
goût de jouer. Trop peut-être, mais avec un peu plus de réflexion et le renfort
d’anciens un équilibre pourrait être trouvé. Avant le prochain test, on peut
bien espérer…
Souhaitons que Bernie
soit élu et fasse le ménage dont je le crois capable dans toute la FFR.
Qu’enfin dans cet antre, on puisse rêver d’un rugby adapté au monde
d’aujourd’hui avec encore ses valeurs d’antan. Et que peut-être on voit enfin
venir le redressement que le peuple d’Ovalie attend....
Michel
Prieu
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