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A5 - Eurosceptiques? (05-16)




A 20 000 km de distance les nouvelles semblent arriver ici en Nouvelle Zélande avec un fort vent de révolte contre l’Europe. En France, depuis presque deux ans déjà la campagne électorale est engagée. Je ne me moque pas, c’est le revers de la médaille du quinquennat. Pour changer quoi que ce soit par un gouvernement français, il faut du temps. C’est la loi de la démocratie…

A peine un Président prend-il une orientation que les journalistes de la presse subventionnée se posent la question de savoir si cette décision sera bonne pour sa réélection. Alors dès que l’on approche de la vraie élection les sondages s’affolent et il faut tenir bon face à l’information. Les candidats potentiels étaient déjà nombreux quand on apprend que Macron pourrait entrer en jeu… Voilà la zizanie dans la gauche.

A droite ce n’est pas mieux, il n’y a pas de candidat. Autant dire que la France est sans gouvernement et sans opposition. Un bel embarras. Alors pour vendre un peu de papier, il faut encore broder. On découvre que trois candidats potentiels, Madame Le Pen, MM. Mélanchon et Dupont-Aignan rassemblent par un calcul savant 51% des eurosceptiques.

Pendant ce temps, je lis par ailleurs que « Nuit Debout » continue d’occuper la rue alors que nous sommes en état d’urgence. On permet de tels rassemblements et la violence qu’ils engendrent immanquablement. Cela ne date pas d’aujourd’hui que l’on sait que lorsque vous rentrez à l’Université, ce n’est pas à la sortie que vous trouverez un emploi. Remarquez que ce n’est pas toujours vrai, si vous avez pris soin de travailler durant vos études vous avez appris des choses qui vont vous y aider. Venant de l’Université, vous pourrez enseigner mais avec quelle efficacité ?

Les élèves des grandes écoles ont pris toutes le places et pour les plus jeunes, les anciens les réservent. La différence entre ces deux mondes ? C’est que pour entrer en Grande Ecole, il y a sélection, sévère sélection et que pour l’université ce n’est pas le cas. Tous les patrons savent, même s’ils ne le disent pas, que pour arriver où ils sont, il faut beaucoup travailler. A force d’entendre dire par idéologie que les patrons sont des nantis, on a oublié que pour être artisan peintre ou artisan bijoutier, il faut apprendre son métier et mettre une couche supplémentaire avec le commerce, les règles administratives et la comptabilité…

Une sélection pourrait naturellement renvoyer vers de métiers de jeunes gens qui s’ennuient à l’Université. Le gouvernement de la sorte pourrait décider de fermer les filières de psychologie pour renforcer celles qui mènent à la technologie, physique ou mathématiques, spécialités dont on manque cruellement. Il pourrait décider de laisser ouvrir des laboratoires traitant des sujets dont le marché d’aujourd’hui et surtout de demain a besoin pour faire avancer le pays.

Je dis non seulement que l’Université doit se réformer mais que toute l’éducation des jeunes est à revoir. Toute la chaîne d’éducation est aujourd’hui gangrénée, jusqu’à en perdre notre confiance et notre identité. Tant que l’on ne voudra pas de sélection où que ce soit, c’est que l’on laissera aux autres les responsabilités qui nous incombent. Même aux élections.

Car l’Europe, au point où elle en est, qui l’a laissée se créer puis dériver ? Nos élus. Et il est assez incongru de les voir tour à tour se défiler. Bien sûr que c’est compliqué de la faire évoluer, mais quel est le pays de son périmètre historique capable de résister au monde d’aujourd’hui ? Peut-être pour un temps le Royaume-Uni, mais je vois bien les Ecossais monter au créneau, voire les Irlandais au premiers faux pas de la City à Londres. Ce qui plaide pour les britanniques c’est leur insularité, plus qu’une identité une puissance chevillée au corps de chaque individu qui y vit. La Suisse sa neutralité l’y a condamné. Mais pour tous les autres, avec ou sans marché commun, ils sont tous condamnés à être dominés. Une fédération est la seule issue, pourquoi ne pas le dire, expliquer les avantages et les inconvénients puis la créer.

Ce n’est pas de droite ou de gauche dont les français ont besoin mais d’explications et de pédagogie pour dire où l’on va avec des mots simples et pragmatiques. L’Europe n’est pas bien comme cela ? Alors discutons et faisons là grandir, tout le monde y gagnera. Car tous ses ressortissants y ont gagné, même l’Allemagne qui a beaucoup payé. Et nous autres français, qui se souvient des difficultés d’où l’on est parti dans l’agriculture et dans l’industrie pour en arriver où nous sommes ?

Qui a expliqué en clair à tous les électeurs les millions distribués aux agriculteurs et aux industriels pour changer leurs projets ? Les millions de l’Europe n’empêchent pas de réfléchir ceux qui ont une tête et de quoi s’en servir. Quand des paysans en colère font des dégâts partout, d’autres restent au travail et ne se plaignent pas. Ils n’ont pas emboité le pas des sirènes de Bruxelles qui en ont fourvoyé beaucoup d’autres. Compétence et responsabilité sont les maîtres mots d’un métier où la Nature joue son rôle.

Pareil pour les industriels ; certains ont assuré leur travail essentiel, dans leur ville ou leur département, peut-être leur région et s’en trouvent encore bien. Mais pour travailler à l’international, il faut des moyens et une éducation que beaucoup d’entre eux ne possèdent pas. Une seule issue, s’entourer, trouver les compétences et assurer sa responsabilité…

Dans ces choix stratégiques l’Etat ne peut pas aider. Les commis de l’Etat n’ont jamais travaillé ailleurs qu’à l’école et n’ont aucun sens pratique pour aider les français à trouver ce qu’ils cherchent : du travail et retrouver ainsi toute leur dignité.

L’Europe a bon dos pour berner les électeurs. J’en veux aux édiles de ne pas reconnaître et dire que dans l’état où elle est, ils y sont pour beaucoup. Aujourd’hui pour la faire évoluer notre influence s’amenuise. A force de mentir aux autres partenaires depuis des années et de continuer sous prétexte d’état d’urgence, nous perdons chaque jour un peu plus de crédibilité. Quelle force peut-on représenter face à notre impossibilité à nous réformer ? Ce n’est pas un bon signe à donner pour faire évoluer l’Europe que de ne pas savoir respecter les valeurs qui viennent de notre Histoire.

Le monde tourne sans nous, j’entends par là que nos politiques se sont tirés une balle dans le pied aussi bien face à l’Europe que dans tout l’ensemble de notre pays. Maintenant nous attendons 2017 pour tenter quelque chose… Eurosceptiques non sceptiques tout court. Ce que je regrette c’est que la presse se contente d’analyser et de se projeter à l’an prochain au lieu de s’occuper de pousser les élus à régler les problèmes de vie des français. Nous n’avons perdu le sens d’un pragmatisme minimum qui fait qu’aujourd’hui les européens nous regardent et sont tous sceptiques quant à nos qualités nouvelles.





Michel Prieu




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