Cher
Monsieur,
Encore
une fois, félicitations pour votre succès lors de la Primaire de la droite et
du centre. Je sais que c’est loin de vous et que ce que vous avez à faire
maintenant pour la Présidentielle du printemps vous occupe à plein temps.
Vous
êtes l’objet d’attaques multiples et cela me fait sourire car certains
concurrents ne vous attendaient pas là. Pour être honnête au début, moi non
plus ; j’avais l’image de vous d’un grand commis de l’Etat. Intègre et
droit. C’est un compliment car beaucoup de vos amis politiques n’ont pas ces
traits de caractère. J’ai apprécié votre courage quand Nicolas vous a fait
avaler quelques couleuvres. Je crois que c’est dans ces moments difficiles que
vous avez pris la mesure de ce que peut être la mission d’un chef d’Etat. Un
ami, breton fier et travailleur, a décelé votre nouvelle dimension dès Juillet
2016 et m’a transmis votre livre programme « Faire ». Une
idée amicale pour m’éclairer sans doute !
Vous
ne le savez sûrement pas, j’ai écrit moi-même un ouvrage qui est en librairie
aussi pour demander aux Français de prendre enfin de nouvelles responsabilités.
En quelque sorte cesser d’attendre tout de l’Etat et de se prendre en charge. En
particulier exiger des candidats des programmes clairs et documentés. Il y en a
assez des promesses des Présidents du passé depuis M. Mitterrand qui promettent
et ne font rien de ce qu’ils ont proposé avant leur élection. Je sais que le
monde va vite et qu’il est compliqué mais vouloir le pouvoir c’est avoir envie
de gouverner, prévoir, anticiper pour l’intérêt général.
Je
ne m’attends pas à avoir cela de tous vos adversaires mais vos propositions sont
un début significatif. Elles serviront pour élever le débat, du moins je
l’espère, le débat est nul depuis des années. Manifestement vous avez préparé votre
entrée en campagne depuis un bout de temps. Le programme proposé à l’avantage à
première vue de faire pousser des cris à tous vos concurrents. Ceux qui se sont
présentés à la Primaire de la droite et du centre en ont pris pour leur grade. Attention
ils sont rancuniers…et auront des états d’âme. On ne refait pas les français.
Je
ne comprends pas M. Guaino, conseiller spécial de M. Sarkozy qui souhaite se
présenter contre vous. Il aurait dû mieux le conseiller pour ne pas le laisser s’embourber
comme il l’a fait et se mettre la plupart des français à dos. Il va faire
nombre à la présidentielle comme M. Alliot-Marie. De qui sera-t-elle l’arbitre
dans cette galère ? Je respecte son travail et son énergie, mais sa morgue
lui vaudra un camouflet. Elle avait mieux à faire avant pour faire passer ses
idées. Je ne suis pas non plus un fan du principe des primaires, mais les egos
sont tels dans le monde politique que l’intérêt général ne compte plus. J’aurais
préféré que cela se règle « au couteau » en cabinet restreint. Mais
au final l’affaire est plus claire pour la plupart des français ainsi.
Je
ne réclame pas une République du passé, je réclame une République moderne ou
Liberté-Egalité-Fraternité même amendés et rajeunis gardent un sens pour tous
les ressortissants français. Une République qui pense à la France, non pas pour
la fermer au reste du monde mais pour l’aider à s’émanciper de ses peurs.
Je
crois que vous avez gagné la primaire car vous avez présenté une attitude digne
qui correspond à l’attente nouvelle des français. Vous avez pris soin de parler
de faire des actions qui forment un projet. Je retiens que vous avez dit :
« Ce que je veux, c’est une France qui dans dix ans sera de nouveau à la
pointe de l’Europe » ou quelque chose d’approchant. Cela me paraît être
suffisamment ambitieux pour que l’on voit chacun de notre fenêtre le chemin à
parcourir. Il y a des embûches mais nous pouvons y arriver. Question de
volonté.
Nous
voyons bien que nous sommes au fond du trou. Il fut un temps où les Etats-Unis
parlaient avec la France. Ce n’est plus le cas. Trump s’en fout comme de sa
première chemise, il a parlé à Angela et à May la gestionnaire du Brexit qui du
coup se réveille enfin pour aller au bout du vote anglais. Je dis anglais, car
je crois deviner que les Ecossais vont avoir d’autres réactions. Les anglais
ont voulu partir de l’Europe mais se disent qu’ils voudraient bien profiter
tout de même du gâteau mercantile.
Perfide Albion n’est pas un vain mot, ils sont bien embêtés pour aller
plus loin que le vote. Ce serait un grand bien que cette sortie fasse l’union
nouvelle de l’Europe. Car depuis le début les anglais n’ont pas joué le jeu.
Ils ne l’ont joué que pour les opérations de défense. Mine de rien l’Europe est
un bouclier pour leur île. Justement, ce sont des insulaires, ils sont
différents des Européens, depuis des siècles. Ce n’est pas une tare, je les
admire pour cela, mais avec eux mieux vaut être dur en affaire.
La
presse et les médias vous ont écharpé en vous comparant à Madame Thatcher.
Foutaise, ils ne savent pas ce qu’elle a fait pour les anglais, mais c’est une
femme et comme vous le savez les hommes parlent, les femmes font. C’est un vrai
mérite. Elle a tenu la baraque pour réformer. Nous n’avons pas su faire par
manque de courage politique. Mais surtout par intérêt personnel. Votre mission
d’homme politique est suicidaire, ce n’est pas un métier, électeur nous avons
eu tort de confier à d’autres le pouvoir de nous représenter. Ils ne l’ont pas
fait et nous ne savons pas comment réagir. Cela devrait changer. Face à Trump,
les américains nous donnent une leçon. Dans toutes les vociférations
médiatiques du Président élu, ils attendent les actes du nouveau Président.
Donc on verra demain après son investiture.
Revenons
à votre nouvelle campagne. Elle va vous demander une énergie folle. Ce serait
bien que votre programme soit maintenant plus clair qu’il ne l’est déjà. J’ai
noté que certains ne l’ont pas lu quand j’entends vociférer maladroitement (comme
à son habitude) M. Gattaz, « le
patron des patrons », subjugué par M. Macron. Ce jeune homme bien mis a
été adoubé par la gauche, Ministre des finances après conseillé du chef, il
connait le langage mais en a aussi la couardise. Il parle mais ne dit rien du
comment il va faire pour mettre en œuvre ses idées. Il veut un changement doux…
Pour notre pays ce ne peut être le cas. Il y aura des pleurs et du travail. Et
les journalistes font monter la mayonnaise et les sondages affolent l’opinion.
Le ballet est toujours le même. Les analystes patentés ne font rien pour poser
les bonnes questions. Personne ne dit comment faire. Car c’est bien le problème
de la campagne, le marketing joue avec des mots et comme il n’y a aucune
définition nous élisons quelqu’un sur des idées fausses…On se croirait en IVème
République et sa chienlit.
A
cause de cela vous allez devoir faire preuve de la plus grande pédagogie pour
faire taire médias et journalistes qui sont dans l’attente de je ne sais quoi.
Pas un journal ne réclame un programme à M. Le Pen ou à M. Macron. Tout le
monde écoute M. Mélenchon tancer ses concurrents et faire des promesses que les
caisses de l’Etat ne permettent plus de réaliser depuis longtemps. Je me pose
toujours la question : que ne dirait-on pas pour avoir le pouvoir ?
Chaque
matin les journaux et les médias nous bassinent avec des informations fausses.
On nous prend vraiment pour des moins que rien. On nous sert une soupe qui
n’apporte rien au débat pour sauver ce qui peut l’être en France. Ce qui est le
plus grave, c’est que la plupart de nos concitoyens va se faire une idée au
travers des filtres privés de la télévision et de la radio. Les journaux sont
en difficulté, mais je sais pourquoi. Ils ont le droit de donner leur opinion
pourvu qu’elle soit honnête intellectuellement et ce ne fut pas toujours le cas
depuis des années. On devrait pouvoir tout dire avec la liberté de la presse
mais des abus ont été commis. Toute la profession en pâtit. Dommage, les
journaux ont perdu leur raison d’être et n’en ont pas trouvé de rechange. Je me
demande ce qui est appris à l’école de journalisme depuis quelques lustres…
Je
sais que vous consultez à nouveau pour mettre plus de clarté dans votre premier
message et j’ai senti votre conviction de ne pas faire de compromis pour
rapprocher les voix discordantes de droite et du centre qui ont fait des
remarques sur vos idées. La « profession » politique est en danger
pour certains. Entre la fin du cumul des mandats et leurs possibilités
d’investiture certains députés et sénateurs vont perdre leur métier dans la
bataille que vous allez mener. C’est pathétique de voir qu’il n’y a aucun sens
de la discipline de vote dans ce pays et que chacun joue sa propre partition en
oubliant qu’il est élu et qu’il a alors seulement une mission jusqu’au prochain
mandat. S’il le mérite. C’est grave et les français commencent à montrer qu’ils
ont assez de cette situation, si cela continue comme cela nous courons à la
Révolution, j’en ai conscience.
Je
sais que vous réfléchissez au projet futur de la Sécurité Sociale. Avec elle
beaucoup de choses sont liées. Nous oublions toujours que nous sommes dans un
système. Changer un domaine change tout.
C’est
vrai que nous sommes un pays de malades quand on voit les dépenses qui sont
faites en pharmacie. Nous vieillissons aussi et cela ne va pas aller très bien
pour les retraites par répartition. Pour nous soigner, les médecins
disparaissent et les spécialistes se font rares. Le tableau n’est pas rose à
vrai dire, il doit y avoir des raisons à ce malaise. Il n’est pas inhérent à la
mondialisation celui-là. Nous avons commis bien des erreurs dans l’orientation
de la santé et nous avons trop attendu pour mieux orienter le projet des
retraites. Nous savons depuis longtemps ce qu’il faut faire mais nous avons
peur de faire…, pour garder les bulletins de vote au chaud. C’est un drame pour
tous et une perte essentielle de compétitivité nationale et internationale.
Mais
savons-nous pourquoi nous sommes malades ? Je crois, pour voyager un peu
partout dans le monde que le français, est victime du stress. Tous les stress
s’attaquent à lui, à commencer par le « principe de précaution ». Il
est devenu une manière de stresser toute action potentielle même intellectuelle.
D’autres sont plus réels. Le stress du travail ou du chômage, de l’école et de
ses rythmes, de ce que l’on mange et qui nous tue à petit feu. Le stress du
marketing qui nous pousse à consommer pour acheter plus aux chinois aussi. Sans
oublier le stress des immigrants qui nous font peur. J’allais oublier le stress
de la banque et du système financier qui met la pagaille dans beaucoup de
domaines pour les gens de la rue. Je ne dirai rien de l’état d’urgence qui se
prolonge et de l’insécurité de la vie quotidienne pour certains quartiers.
C’est devenu banal…
Vous
avez à éclaircir tout cela, Cher Monsieur, et j’imagine qu’il vous faudra
beaucoup de passion et de courage. J’espère que vous avez vraiment envie depuis
quelques temps d’être Président de la République, pour pouvoir réussir un tel
challenge. Vous le savez sans doute, dans une course politique c’est celui qui a
le plus envie qui gagne. Mais il doit, en plus de croire en lui, se donner des
moyens.
J’attends
que vous insistiez sur le fait de résorber notre dette abyssale (une famille ne
pourrait pas vivre ainsi endettée) et que pour cela vous preniez des
dispositions justes pour arrêter la gabegie du train de vie de l’Etat.
J’attends par exemple que les doublons de services entre commune, communauté de
communes, métropole régionale, département, régions et Etat soient traités.
J’attends que les officines (non connues) qui pondent des règlements avec nos
taxes soient dissoutes si elles sont inutiles et passées au privé si elles sont
utiles. Ni l’Etat, ni la région ne doit s’occuper de tout. J’imagine que c’est
comme cela que vous allez diminuer le nombre de fonctionnaires. J’en ai été
longtemps avant de démissionner et je sais qu’il y a des répartitions nouvelles
à imaginer dans un projet politique cohérent. Il y a effectivement besoin de
nouveaux objectifs de productivité. Je pense que le laxisme général des cadres
la Fonction Publique et des grands services des régions a oublié que la
République donnait une priorité à la méritocratie. Quand tout bouge autour de
nous une adaptation est pour le moins nécessaire. Eliminer des postes de
fonctionnaires ne veut pas dire éliminer des postes fonctionnels dans mon
esprit. Certains services pourraient être privatisés…
Cela
fait plusieurs fois que je vous parle d’erreur de diagnostic et d’analyse dans
la conduite de la politique et de son environnement médiatique. C’est un
problème d’éducation. Notre école ne parle plus de la France à ses enfants.
Notre école est capable de laisser au bord du chemin près de 170000 jeunes tous
les ans. Ils sont recensés, mais combien ne savent ni lire ni écrire
correctement notre langue à l’âge de 14 ans. Comment voulez-vous qu’ils se
comportent pour s’insérer dans le paysage de France. Parler la langue, celle
qui est enseignée avec le roman de la France et dans la géographie mondiale est
un minimum pour faire apparaître un sentiment de nation et d’identité. Cette
force intérieure permettrait de mieux affronter la mondialisation et régler une
part des problèmes liés à l’immigration.
Le
français bien compris permet de faire des analyses correctes et d’avoir une
conversation que tout le monde comprend. Les gens du Québec, les africains
défendent la langue française mieux que nous. Je ne suis pas contre les
anglicismes mais je suis choqué qu’un M. Macron aille dans une Université allemande
et parle en anglais aux étudiants. C’est de l’élitisme déplacé. C’est
totalement inconvenant, un affront à la France. Je parle trois langues pour ma
sécurité personnelle, mais quand je représente officiellement la France, je
parle français. Quand je demande un service à l’étranger pour louer une voiture
ou une maison que je paye avec de l’argent français, j’exige des explications
en français, sinon je change de boutique. Nous préférons la médiocrité à
l’école et ce n’est pas comme cela que nous donnerons des chances aux jeunes
enfants. L’Education Nationale s’est fourvoyée dans ses idéologies…
Je
pense que ce que vous préparez va aussi servir à redonner quelques valeurs à la
famille. Car dans les idéologies de gauche qui nous polluent depuis des années
nous avons perdu quelques repères…
J’aimerai
que vous insistiez aussi sur le domaine de la course aux lois et aux taxes.
Toute humeur, toute crispation de l’atmosphère donne lieu à une loi. Certaines
se contredisent, certaines sont dépassées mais donnent matière à créer des
missions pour les avocats. L’inflation des lois est aussi forte que celles des
taxes créées par les gouvernements précédents. Ils nous promettaient des
baisses d’impôts mais pendant qu’ils parlaient les services de Bercy créaient
de nouvelles contraintes pour ponctionner un peu plus nos comptes et réserves.
Personne parmi les candidats ne parlent de ces sujets, pourtant ils concernent
la compétitivité de la nation.
J’espère
que votre programme d’emploi pensera à inciter agriculteurs et paysans à
produire des aliments de qualité et de proximité. Il y en assez d’être
empoisonné impunément par les industriels qui utilisent le marketing pour nous
induire en erreur. Il serait temps que la justice soit suffisamment efficace
pour s’occuper des cas des industriels pour une meilleure santé demain. Le
premier médecin, c’est de manger correctement pour prévenir les maladies et non
être malade de trop manger de produits qui présentent des dangers.
En
parlant de justice j’espère que dans votre projet vous avez prévu d’appliquer
la loi pour tous et de proposer des postes ministériels à des gens qui n’ont
pas eu de casseroles aux fesses. Je crois que la plupart des français sont
laxistes sur certains comportements des hommes politiques, aussi nous avons les
politiciens que nous avons élus (et que nous réélisons). Je ne sais si mes
concitoyens s’en rendent compte mais ce sont eux qui votent ou pas. C’est
dangereux de ne pas se rendre compte de la valeur de son bulletin de vote. Non
seulement il faut voter, mais se serait bien ensuite contrôler l’action des
élus et au lieu de vociférer, agir pour qu’il soit remplacé…C’est cela la
démocratie moderne.
Tant
que vous y êtes soyez précis sur l’Europe, elle est malade de notre peu
d’attention et de son inflation réglementaire. Nous l’avons créée et nous la
laissons aller à volo. Il y a des actions simples potentielles pour la
relancer, Angela attend cela. Nous avons besoin d’une défense commune et de
trouver des solutions viables pour l’immigration. Sans l’Europe nous sommes
dépassés sur ces sujets. Il ne s’agit pas d’abandonner notre identité, il
s’agit de trouver un mode de gouvernance qui soit efficace pour contrer toutes
les normes inutiles et les règlements débiles pondus par des technocrates. L’administration
nous tue le mouvement elle a besoin d’un gouvernement pour exister face aux
USA, la Chine et ce qui va se passer dans le futur. L’Europe sera une aide pour
notre développement et un support pour parler au reste du monde bien plus fort
que nous.
Enfin
Parlez aussi clairement du numérique et de la recherche pour trouver de
nouveaux débouchés demain. Les jeunes en auront besoin. Nous avons parmi nous
les meilleurs mathématiciens du monde. Les voies nouvelles ouvertes par la bonne
compréhension de l’écologie vont permettre de retrouver des opportunités de
moyens nouveaux. Que les services financiers et bancaires fassent à nouveau
leur travail pour aider les entreprises innovantes, ils devront recruter des
ingénieurs pour étudier les dossiers au lieu de les rejeter faute de
compétences.
J’ai
été un peu long mais une fois de plus, je crois qu’il faut plus expliquer avant
d’agir mais l’important c’est d’agir et d’être intègre. Je crois que c’est une
de vos qualités. Alors je compte sur vous pour faire ce que vous dites. Et je
vous souhaite bon courage, il va vous en falloir car la route n’est pas simple
pour votre projet. Mais demandez avec force et conviction à vos concurrents de
d’argumenter leurs attaques de vos propositions. Cela donnera un débat propice
à éclairer les français sur leur futur. Ne laissez pas les journalistes jouer
avec un mot mais avec des idées. Le pays tout entier y gagnera…
Bien
à vous.
Michel Prieu
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