Au
lendemain de l’allocution bordelaise d’Alain Juppé, voilà que l’UDI se pose des
questions et que la rencontre Fillon-Sarkozy-Juppé n’aura pas lieu. Et tout ce
beau monde veut l’alternative pour diriger la France....
La
droite française de Charles de Gaulle est morte avec Charles. Tous les ersatz
qui nous ont été proposés ensuite sont de pâles copies pour en arriver à ce que
les électeurs abhorrent les élus et la politique aujourd’hui. Beau tour de
force messieurs et vous continuez à vous déchirer en donnant des leçons de
morale. Nous sommes au bal des faux-culs du Carnaval. Chacun avance masqué !
Je
ne sais même plus aujourd’hui ce que veut dire être de droite ou être de
gauche. J’ai demandé à André Leconte-Sponville de m’éclairer. « Droite/Gauche
», quèsaco ? (cf : www.philomag.com › Accueil › Les idées ).
Intéressant, mais je ne suis pas plus avancé, c’est très compliqué de se
déterminer de l’un ou de l’autre côté quand on cherche un peu de vérité. Pour un aspirant politicien se trouver un métier, une place dorée dans l’hémicycle ou un ministère, le choix
peut aussi être draconien et entraîner des retournements de veste et même de
pantalon.
En
tout cas je retiens du projet Fillon une phrase dont personne ne parle et je
crois le signaler pour la deuxième fois.
Son programme vise à faire de la France de nouveau un pays à la tête de
l’Europe dans 10 ans !
Cela
voulait déjà dire au moment de dévoiler son programme, que pour le déboulonner
de son projet initial il faudrait se lever de bonne heure et qu’il comptait
bien mener si bien son affaire qu’il se présenterait à un second mandat. Deux
quinquennats cela fait dix. Je le souligne aussi car je crois que les choses
simples ne sont pas bien comprises des gens de droite et de gauche.
Je
vais emprunter à Charles de Gaulle une sentence qui me permettra de régler son
compte à la gauche sur ce bout de texte :
Voyons
maintenant les gens du centre. Très pénible de voir Monsieur Bayrou, chantre du
MoDem partir du côté de M. Macron. Palois à la faconde des gens du sud-ouest
n’est pas un mauvais bougre. Il a des idées mais ne sait pas les présenter pour
s’entourer. Il a échoué dans cette recherche malgré des embellies passagères.
Il n’a rien appris de ses échecs en passant dans les ministères et des
élections passées. Il fait de l’obstruction pour exister politiquement. C’est
très triste car il ne sert pas la France pendant qu’il s’occupe de lui-même. Il
a fait des erreurs en faisant élire des gens de gauche et je comprends que la
droite rechigne à le voir rentrer dans le jeu. Monsieur se veut indépendant…
UDI
quelle différence avec la « sensibilité » du centre ? Les deux
sont bâtis sur des ruines, UDF. Pas une tare mais cela c’était avant. Cela
avait alors un sens et permis de gouverner. Mais ce temps est fini. La
sensibilité est à droite et voudrait refaire l’UDF. M. Lagarde a attaqué une valse-hésitation
mais ses cadres ne sont pas tous d’accord. Indépendants de quoi, du bon vouloir
de la droite de les inclure pour une investiture. Une attitude de vierge
effarouchée dans le chaos actuel de la campagne présidentielle. Les temps ont
changé, beaucoup changé….
D’abord
nous avons perdu les avantages que nous avions économiquement. Nous avons perdu
un leadership incontestable en Europe et nous dégringolons un peu plus chaque
jour. Surtout quand on se chamaille comme ces messieurs le font au lieu de s’occuper
des problèmes du pays. Instaurer une primaire avec l’esprit français c’était
courir à ce que l’on voit. Au moindre accroc tout le monde s’en va. Vous parlez
d’une discipline !
Dans
le contexte d’aujourd’hui, il n’est pas possible de gouverner au centre avec
une sensibilité générale des français à droite, pire tendance extrême droite.
La famille Le Pen est toujours là et cela va durer si la droite ne fait pas son
travail (la nièce est en apprentissage…). C’est d’autant plus fort que la
chienlit mondiale accentue cette demande de la part des français. Les idées de
gauche n’amènent rien de positif en termes de sécurité et d’ordre pas plus en
terme de travail, les idées manquent, beaucoup ne savent pas ce qu’est une
entreprise, un service, la productivité qui crée de la richesse. Et surtout il
faut la créer avant de pouvoir la partager. Les français demandent une
direction, pas pour s’aligner bêtement mais pour savoir où ils peuvent aller.
Les parisiens s’en moquent peut-être mais pas les français, ces bouseux, ces
provinciaux à l’esprit bas vu de la Capitale… Les provinciaux vont en vacances
ou visiter les musées à Paris et ils y sont mal reçus. Si en plus par les choix
faits dans les assemblées et les ministères on insinue que ce sont des cons, ils
vont se charger de faire savoir que pour tourner rond pas besoin de l’esprit
parisien. C’est le sens du vote Fillon.
Fillon
a établi un diagnostic et amené des solutions, il a consulté et planché 3 ans
pour cela. Idées discutables au premier abord, mais pas dans le désordre, il a
été ignoré de ses concurrents. Il fallait le faire dans un bureau, pas devant
les micros. Mais il eut fallu que les cadors ravalent leurs egos. Et ils ne
savent pas le faire, c’est regrettable car c’est la France qui perd.
Les
français ont plébiscité Fillon, un vrai carton. Un camouflet sévère pour tous
ceux qui l’avaient snobé. Pensez-vous que les perdants auraient réfléchi à
leurs erreurs ? Se seraient-ils posés les questions de fond, les points
d’accord possible sur les sensibilités. La guéguerre de cour d’école primaire
entre ces messieurs est toujours de mise. L’intérêt général n’a plus de sens
pour eux. La peur domine la situation.
En
sortant de réunion de crise, dire que l’on est de la même famille n’a un sens
véritable que rarement dans la vie. Pour être d’accord avec vos frères et sœurs
pour une succession, combien de drames ? Pour gouverner, choisir un sens
ce n’est pas s’occuper de ses petits intérêts particuliers. C’est se moquer des
électeurs que de ne pas accomplir sa mission. La politique ce n’est pas un métier,
c’est une mission.
Les difficultés de Fillon ont entraîné des
comportements inadmissibles. Malgré ses erreurs, vouloir créer un « plan B »
de la part des responsables politiques qui ont peur pour leur investiture ou
leur renouvellement de mandat est inique. C’est irrespectueux vis à vis des
électeurs qui en grand nombre ont voté pour un programme et celui qui le
présente.
Hier
encore M. Juppé s’arroge le droit de faire des remontrances à M. FILLON mais de
quel droit, il a pris une raclée. Qu’il ne dise pas, qu’il va appuyer Fillon
est une faute politique grave à mon sens. Elle le disqualifie définitivement du
monde politique français. Il a été jugé inapte à conduire la France par le
peuple qui a voté la primaire, loi de la démocratie. Respect pour le gagnant et
l’on fait front mais pas du bout des lèvres. Avec des actes. Dans ce sens, M.
Baroin est assez classe…
M.
Sarkozy, a été plus coquin, il a délégué ses barons pour pister le gagnant,
marquage à la culotte comme au foot. Pas si mal vu qu’il était retiré des affaires
après la gifle de la primaire. Sa reconversion dans l’hôtellerie lui va bien ;
son dynamisme fera la plus grand bien au Groupe Accor pour améliorer les hôtels
où je ne suis pas toujours reçu correctement. Son intervention mercredi dernier
pour imposer une « sortie honorable de la crise » est sibyllin mais
très incorrect aussi. Cela fausse la donne et entraîne ou conforte la division.
C’est dommageable pour le possible succès final.
MM.
Juppé et Sarkozy n’apprennent rien de leurs erreurs, c’est dommage pour les
français. A cause de cela impossible de progresser. Tout le monde sait que ce
n’est pas dans la facilité que l’on progresse et eux dans leurs missions ont
failli et ne se sont pas amendés. C’est pour cela qu’ils ont été battus lors de
la primaire. Les français sont rassurants avec un bulletin en main.
Les
barons, chefs de région feraient bien aussi de tout faire pour rassembler. Les
tergiversations de Mme Pécresse, du rangé du Nord, M. Bertrand et de l’agité
incontrôlable de PACA, M. Estrosi, sont, elles aussi, inconvenantes. Trois
grandes régions dont nombres d’électeurs ont voté pour M. Fillon. Ils feraient
bien de faire campagne associée et de participer. Ces régions ont besoin de la
France pour exister et de son gouvernement pour certaines actions. Ils
pourraient regretter leur soutien timoré, les électeurs ne sont pas bouchés et
encore moins aveugles.
Depuis
des années maintenant les analystes ont remarqué que les votes sont volatiles.
Qui a inventé le zapping ? Les médias. Ils ne font que cela du zapping,
même dans l’information incontrôlée. Il faut faire le buzz pour vendre du
papier et de la publicité. Le peuple en a assez. Quand vous allez à l’étranger
rien de tout cela, l’agitation politique existe mais pas comme en France. Pour
prendre des décisions importantes, il n’est plus possible d’imposer. Il faut
préparer, faire preuve de pédagogie, étudier les possibles impacts. Qui fait
cela ? Il me semble que l’Etat n’est qu’une méga entreprise. Les règles de
management n’en sont pas différentes. Question de bon sens. J’aime bien le
titre de Benoît Rayski dans Atlantico « Nous avions la droite la plus bête
du monde » maintenant « nous avons la droite la plus lâche du
monde ». Ce n’est pas très glorieux mais je souscris à cette assertion.
Les
français d’aujourd’hui sont différents. Les seniors pèsent dans les votes c’est
certain, on ne va pas les euthanasier, pour les canards après les vaches c’est
déjà fait. Pas sûr que virus soit éradiqué. Mais ce sont des vieux qui aussi
sont au gouvernement. La moyenne d’âge de l’Assemblée et du Sénat ? Chez
les députés, presque 50% entre 60 et 80 ans, c’est dramatique ; pour le
Sénat 61 ans et 9 mois de moyenne, avec beaucoup d’enseignants et des
cumulards. Comment se projeter demain ? Comment penser nouvelles
technologies ? Comment donner une direction active à un âge avancé ?
Comment donner une dynamique après un deuxième mandat ? On agit par
routine, on n’a plus d’idées. Avec la loi sur le non cumul cela devrait
changer, peut-être que les femmes seront plus nombreuses en pourcentage car il
faudrait que le nombre global des élus baisse considérablement. Le train de vie
de l’Etat est trop élevé. Cela aussi a changé, les français le savent à force d’être
négligés et culpabilisés. Si la France est dans l’état où elle est c’est la
faute de ceux qui gouvernent. Ils n’ont pas le courage de parler des réformes
et de les proposer pour rester proches de leurs seuls intérêts.
Les
français plus jeunes ont une tendance politique différente. Si j’en crois les
sociologues, ils se définissent comme libéraux-conservateurs, mais en plus le
revendiquent, ils ne se cachent pas. Ils veulent une France qui avance avec ses
racines et ses hommes. Aux politiques de s’informer auprès de leur électorat,
qu’ils fassent eux-mêmes leurs études de marché pour renouveler les idées,
c’est ça le changement. Pourquoi culpabiliser les électeurs ?
Je
pense que les jeunes sont notre avenir. Je regrette que le respect des anciens
ne soit plus de rigueur, les jeunes gagneraient du temps pour aller plus vite,
éviter nos erreurs. Si la majorité est à 18 ans, nous avons un pays qui
vieillit alors à ceux des jeunes qui veulent s’occuper de politique de remplir
leur mission. Elle est difficile car nous avons pris de mauvaises habitudes. Il
faudrait en plus de prendre leur responsabilité au moment du vote que les
électeurs pensent aussi à demander des comptes à leurs élus. Ces derniers
seraient un peu plus attentifs à leur mission.
Toutes
ses considérations expriment ma colère de l’intervention de la Justice à un
moment inopportun, trop tardif et trop orienté. Dans les faits elle aurait pu
attendre pour intervenir. La justice spectacle n’est pas la Justice, la vraie,
celle qui donne confiance au citoyen. Dans ce cas elle confisque le débat
autour des programmes, elle le fausse. C’est inadmissible de la part de la Justice
de laisser fuiter des informations sur les dossiers depuis des années. La
Justice que l’on attend n’a rien de politique. Elle n’est contrôlée par aucune
instance sérieuse. Des dérives partisanes se sont fait jour depuis trop
longtemps et ont fait perdre confiance au français. Un gâchis irresponsable de
la magistrature.
Dans
ces luttes intestines notre pays perd beaucoup d’énergie pour s’occuper
des vrais défis du moment et de l’avenir. En écrivant cela je n’attends rien,
mais je regrette que les jeunes ne puissent avoir la confiance que nous
pouvions avoir à leur âge. Depuis 1968, nous avons failli dans notre mission de
leur donner un exemple d’une France propre et en devenir.
Michel
Prieu
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