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A23 - Que nous dit l'affaire Fillon? (10-02-17)

Bonjour, 

Comme vous l’avez appris dans les pages précédentes, je n’apprécie pas le travail de beaucoup de journalistes et des médias pour lesquels ils travaillent. J’ai eu maille à partir avec un rédacteur en chef d’un grand magazine à la fin du siècle dernier car il n’a pas été honnête dans son attitude lors d’un concours de l’industrie. Je ne mets pas tous les journalistes dans le même sac mais je sais qu’ils ont des niches fiscales d’impôts et que leurs journaux sont subventionnés et pour la télévision ou la radio c’est pareil. Il me semble que le cinquième pouvoir se prend pour le pouvoir….

Dans ce domaine, l’affaire Fillon qui les occupe tous permet d’apprendre beaucoup de choses sur ceux qui nous gouvernent et ceux qui nous informent. J’ai fait quelques études, j’ai fait des choix personnels toute ma vie et je trouve que tous ces gens prennent les français pour des cons. Je suis un enfant de la République, j’ai fait un parcours qui m’a donné un peu d’expérience de la vie et surtout je ne suis pas un mouton même si j’ai beaucoup de défauts.

Comme François Fillon, je suis catholique mais ce qui m’a surtout intéressé chez ce Monsieur, je l’ai déjà écrit, c’est qu’il a eu le courage de faire un programme pour se présenter à la primaire de la droite et du centre. C’est ce que je réclame aux hommes politiques de tous bords. Je leur demande une chose simple puisqu’ils se réclament tous du Général de Gaulle : avoir une ambition pour la France. Plus secrètement faire que la vie des enfants demain soit plus belle qu’aujourd’hui. Je déteste que l’on me dise que c’est impossible, car je sais « qu’impossible n’est pas français ».

Je sais que plusieurs idées sont ringardes de nos jours comme « Liberté-Egalité-Fraternité » ou encore parler d’amour entre hommes ou se poser la question des valeurs en jeu dans la vie moderne. Je suis un joueur de rugby et j’en connais la philosophie. Elle m’a servie tout au long de ma vie quand on n’en parlait pas ailleurs que dans mon Sud-Ouest de France. Je peux dire que j’ai aimé des joueurs qui n’étaient pas tous de mon équipe ni de mon âge. J’ai eu le courage, … et le plaisir de le leur dire. Croyez-le c’est viril quand faire la même chose avec une dame peut faire macho !

Mon âge me permet de vivre ce qui se passe en ce moment sur toutes les antennes avec un peu de recul ; aussi je peux dire que selon la maxime de la République, « Liberté » nous l’avons pour dire tout et son contraire dans la presse. Nous avons la liberté de le croire ou pas et nous avons la liberté de nous informer. Je sais cependant que nous ne sommes pas libres de tout quand notre liberté gêne considérablement les autres citoyens. Je sais que des méthodes en vogue orientent mes choix. Je connais une bonne part de mes névroses et j’essaie de m’en soigner. Je suis allergique au marketing qu’il soit politique ou commercial car il peut véhiculer de fausses informations. Il n’est plus un mode d’information mais du pur harcèlement mental. La liberté du marketing est de nous rendre objet. Les médias dans leur nécessité de créer le scoop pour se démarquer emploient volontiers une méthode similaire et cela me gêne profondément comme citoyen. Personnellement, je veux être le sujet de ma vie…

« Egalité » est dans la formule Républicaine un droit que nous pourrions attendre par décret. Mais aujourd’hui elle est confisquée par des actes que la morale réprouve. Où est la justice aujourd’hui ? Les élus au lieu de donner l’exemple et d’accomplir la mission que nous leur confions ne s’intéressent qu’à leur réélection en nous oubliant au terme de l’élection. C’est navrant mais dévastateur pour l’avenir de tout le pays. Le bon sens et le respect qui conduisent un peu à l‘équité sont perdus de vue depuis longtemps dans notre vie de tous les jours. On consomme et on se consume. Tant que la justice ne sera pas la même pour tous devant le délit, le chaos que nous avons engendré perdurera. Comme projet politique pour redonner du sens à l’intérêt général, il y a un travail de fond qui pourrait réconcilier un peu le pays…

« Fraternité », c’est le seul mot de la devise de la République qui ne peut se mettre en équation ou sous forme de loi. La fraternité c’est un sentiment très particulier, individuel et collectif. Pour pouvoir être tenté par la fraternité, il faut déjà « être son meilleur ami ». Si je doute de moi comment pourrais-je m’ouvrir à l’autre ? Comment attendre quelque chose d’un autre si je ne sais pas donner ? Ce terme est sulfureux car il renvoie à la religion, celle du Christ : « aimez-vous les uns les autres ». Cette invitation n’est pas un gros mot, c’est une parabole qui pourrait nous sauver et qui pour le coup pourrait devenir une partie intéressante d’un programme politique.

Justement revenons-y au programme de F. Fillon. J’aime assez le recul de Régis Desmarais sur « l’assassinat politique » du vainqueur de la primaire. Cet article du blog du journaliste de Mediapart est très intéressant car il donne une clé à la question d’Atlantico : « A qui profite le crime ? ».

D’abord puisqu’en ce moment, tout le monde crie haro sur la démocratie, je me réjouis de l’attitude des français de droite. Rendez-vous compte, depuis des mois, on leur explique (on leur serine) chaque jour à longueur de journaux d’information continue que Juppé est le gagnant, pas la peine de voter. Dans le même temps, le petit Nicolas s’escrime et s’active comme il sait le faire, mais en pure perte car il s’y est mal pris durant son quinquennat avec nous. Les français ont besoin d’un chef qui leur dise où on va et comment on y va. Ils en ont assez des mensonges et des contrevérités. Il y a urgence pour tout mais pour aller vite il faut un peu réfléchir et montrer une stratégie convenable avec le monde qui nous entoure. Surtout il faut un peu de pédagogie pour changer. Le changement c’est dangereux pour soi (d’abord) et pour tous (ensuite). La question est toujours : « qu’est-ce que l’on gagne ? », c’est flippant tout cet inconnu. Il y a des cours à l’université pour la gestion du changement….

Et patatras ! Alors que les sondages avaient viré dans les quinze derniers jours avant l’élection vers Fillon que tous les concurrents avaient négligé et les journaux subventionnés aussi, il colle un camouflet à tous ses camarades de droite (il n’y avait personne du centre). Surtout à Alain Juppé, qui tout d’un coup avec le vent du boulet a dû se sentir très vieux. Ces salopards de sympathisants de droite venaient d’élire un programme hors systèmes ! Un acte salutaire de démocratie à mon sens. La récompense d’un travail de fond de la part de M. Fillon.

J’ai eu une grande chance dans mon envie d’apprendre de chaque instant de ma vie. Jacques Christol m’a ouvert les yeux sur la systémique un jour à l’Institut de Promotion du Travail (toujours vivant dans mon esprit le travail) à l’ombre des platanes séculaires des Allées Paul Riquet à Toulouse. Un moyen pour moi depuis que je connais ce principe pour faire le mieux possible des choses simples quand tout est compliqué.

Je comprends alors tout à fait que la réaction à ce cataclysme médiatique engendre tout ce qui se passe en ce moment. D’abord les opposants de tout poil ont lâché des noms d’oiseaux : suppôt de « Thatcher », « ultralibéralisme », vindicatif pourfendeur de la Fonction Publique (j’en ai croqué là pendant 20 ans de ma vie). A mort les fonctionnaires ! J'ai lu le programme et je n'ai pas compris du tout cela.

Mon étonnement est complet, car je ne connais pas bien les définitions littérales de ces mots (J'ai pris soin d'en revérifier la définition),  mais je ne les vois en aucune manière applicables en France, avec chacun qui veut l’Etat pour caution au moindre investissement.

M. Fillon a été maladroit pour le moins, mais mérite autre chose comme traitement, quand on voit aujourd’hui ce que proposent les autres candidats connus. Marine plonge vers les électeurs de gauche (de l’extrême droite c’est plus facile dans l’hémicycle), Benoit pourtant pas benêt, va plonger dans la poche de ceux qui ont encore de l’argent avec des propositions intenables. Quant au superbe tribun Jean-Luc, il se fait plaisir en parlant car il n’agit pas, il agite pour se faire mousser. Les autres ne sont pas sûr d’avoir les cinq cents signatures….

La candidature à droite de Fillon c’est le grain de sable dans le système dominant, celui de la finance ? Celui de la gauche ? La froide vengeance de DSK ?  Les élus de droite qui vont perdre leur investiture pour les législatives ? Rachida qui l’a déjà perdue ? Je préfère aller dans le sens de l’hypothèse de Régis Desmarais.

Du temps a passé depuis le jour de la victoire du candidat Fillon et son temps logique de récupération avant de repartir en vraie campagne présidentielle. La machine à information souterraine aura fonctionné pour collationner de quoi le faire tomber. Les informations sont disponibles puisque légales (et ces pratiques sont utilisées par plus d’un parlementaire). Pour les accusateurs, le tout est de laisser agir le génie des éditorialistes, fâchés d’avoir été bernés par les électeurs de droite. Les journaux dans les mains des financiers en plus d’être sous la douche des subventions de l’Etat sont alors aux cent coups, il ne faut donc pas lésiner et préparer un feuilleton. L’organisation est en route pour détruire Fillon en espérant mettre un candidat plus convenable pour le système dominant.

La machine était prête « Le Canard Enchaîné » a dégainé son artillerie avec une gradation sur plusieurs semaines. Comme dit plus haut, F. Fillon a commis des erreurs dans sa communication, pas nouveau, c’est un taiseux. Il fait. Il ne parle pas, il ne veut pas qu’on l’emmerde. A sa place, un sanguin aurait hurlé sous la gouverne de Nicolas. La manœuvre était prête pour assommer puis asphyxier F. Fillon. Pour l’assommer c’est réussi, il a mis 15 jours à s’en remettre. Le temps pour nous d’apprendre des choses supplémentaires sur l’attitude des parlementaires…

En premier lieu que François Fillon a oublié les leçons de morale qu’il a apprises dans son école primaire. C’est dommage pour lui mais son mandat politique ne le dédouane pas de rester humble et respectueux des citoyens de tout ce pays. Qu’il favorise sa famille, quel parlementaire ne le fait pas ? Qu’il oublie que les gens aient une conscience plus claire et qu’il ne s’en rende pas compte aussitôt, c’est grave. Le pouvoir rendrait-il aveugle et sourd ?

Ce qui est plus gênant pour lui et son futur, c’est que l’équipe d’avocats et conseils qui l’entoure ne pensent pas à le protéger mieux. A le corriger s’il le faut pour lui signaler des bévues de communication, voire de comportement. Ils savent bien qu’un favori sera attaqué de toute part ? La plupart des journaux et médias sont contre lui…

Il est leader, on l’attaque c’est de bonne guerre. Que le parquet financier mis en place par la gauche pour juguler les turpitudes d’un ministre des finances de leur sensibilité, s’introduise dès le lendemain matin dans le jeu me pose question. Ou les enquêteurs sont payés à ne rien faire ou ils étaient mandatés avant la sortie du « Canard Enchaîné ». Ce poil à gratter de la presse est lui aussi sectaire.  Quand il parle de M. Fillon, qu’il lynche ou harcèle Sarkozy, il ne parle pas de Mme Hidalgo, ni de M. Macron et encore moins de Mme Le Pen qui comme M. Hamon ne veut pas rembourser ses dettes à l’Europe. Pour M. Hamon c’est plus qu’immoral, il est élu devant M. Vals en disant qu’il ne veut pas rembourser les emprunts de la France. La politique est vraiment une illusion, que doit penser Socrate de sa définition ? La morale c’est juste pour le peuple, pas pour les élus.

Bon, le « Canard » déchaîné, grossit les chiffres pour tromper un peu plus les cons du peuple qui écoutent la télé. Le « buzz » est parti, on ne parle que de cela pendant que d’autres problèmes se posent et que l’on ne les résout pas. Les médias sans vérifier ou tempérer s’agitent, il y a de la matière enfin à brasser. Quel impudent ce Fillon !  M. Hollande fait sa tournée d’adieu à l’étranger où il peut encore être reçu et va faire un câlin à Théo. La bavure policière ça existe mais c’est aussi monté en épingle parfois. Dans le cas précis l’interpellation semble avoir dérapé. Attendons car les hommes mis en examen ont droit à la présomption d’innocence. Pardon j’avais oublié que le tribunal est aujourd’hui médiatique. C’est pour cela que nombre de journaux reçoivent des parquets (ce n’est pas la première fois) des rapports et preuves en tout genre pour enfoncer quelqu’un qu’ils ont déjà condamné. Cela va avec les erreurs des analyses des sondages et de la vérification des informations. Une pratique devenue courante qui n’est du goût de personne. Elus, médias, juges et avocats sont à l’origine du rejet de la chose publique d’une grande part des citoyens de ce pays. Cela contribue à rendre le pays ingouvernable et génère un sentiment d’insécurité que nous connaissons depuis des années, bien avant les attentats.

Car l’affaire en est là. Les infos du « Canard Enchaîné » sont reprises sans être vérifiées ou simplement analysées. Non, faut faire le buzz ! C’est A2 par Mme Lucet qui s’en mêle, FranceInfoTv, la nouvelle dernière qui se demande « comment est évalué le patrimoine de ce monsieur ? »… Le journal « Le Monde » (et ses « combien de millions d’euros de subvention annuelle ? ») en rajoute….  Pour l’homme de la rue, la recherche de la vérité sent alors le harcèlement !

Je sais gré à M. Fillon d’avoir repris la main pour faire remarquer qu’il était en place et ne se retirerait que s’il était mis en examen. Après tout c’est son programme que les électeurs ont choisi…qui en tient compte ?

D’autre part, dans le laps de temps où il a été groggy, nous avons vu comment ses petits copains de la droite se sont démenés pour lui trouver un remplaçant illico. Pas simple sans créer une zizanie pas possible. Une vraie cacophonie ces murmures de couloirs. Un spectacle lamentable car personne n’a pensé à la légitimité du vote des français de la droite et du centre… Lundi M. Fillon s’est réveillé, il n’est pas élu mais toujours debout. Ce qui ne fait pas les affaires de tous. Certains doivent être inquiets, car s’il est élu, ils seront sur un siège éjectable, dans les services de presse comme dans les rangs des élus républicains. La chasse aux sorcières n’existe pas, c’est une représentation de la réaction d’un système. Peut-être allons-nous apprendre encore des choses, sur ceux qui n’ont pas été en règle non plus ou qui ont bénéficié de largesses dans les camps concurrents. Nous vivons une époque formidable. Les Anglais et les Allemands ne doivent pas en croire leurs yeux. En fait je trouve que ce spectacle est très triste. Il y a tant de choses intelligentes à faire pour les hommes politiques conscients de la gravité de la situation.

J’ai apprécié que des journalistes dans « C dans l’air » aient noté que dans certains cas « trop c’est trop ». Je me dis que je devrais faire confiance au bon sens des français pour sans illusion faire la part des choses et revenir à un peu plus de sérénité. Pour demander aux autres candidats de montrer leur fortune, leur intégrité et surtout leur programme par exemple. M. Macron est en hausse mais sur quoi ? Sur les sondages d’accord, mais sur quelles idées pour nous aider à progresser ? Les français ne sont pas des crétins. Que les candidats se mettent en phase pour les respecter ! Que l’on puisse enfin avoir une idée des programmes sans la vision déformée des journalistes qui ne savent pas analyser ni les informations, ni les chiffres qui leur sont fournis et qui discutent peu les ordres qui leur sont donnés peut-être quand ils sont contraires à l’éthique de leur métier.

Maintenant on pourra toujours ergoter sur les sondages, M. Fillon a plongé est écrit partout. Normal, il ne manquerait plus que cela que ses actions augmentent comme à la bourse quand un patron décide de licencier en masse ! Il a fait une connerie, il paie, c’est moral. Mais pas sûr qu’il en reste là, si le tribunal financier comme c’est probable va le dédouaner. Pas sûr dans sa situation qu’il n’attaque pas à son tour des positions précaires chez ses concurrents. Les principaux ont aussi des casseroles, il serait étonnant que son entourage ne cherche pas à les faire tinter au moment opportun….

Les faits sont là, continuons notre petit jeu de fiction et réfléchissons un peu. Nous sommes à 70 jours du premier tour. Fillon absent, aucun postulant de droite républicaine n’est éligible. Par contre coup aux législatives la droite sera mal… Nous partons vers une élection de République bananière ou je n’y connais rien. Monsieur Bayrou gonfle sa voix cela ne changera rien, sans Fillon la droite est morte. Macron est de la plus mauvaise gauche, la caviar, il vient de la banque Rothschild. Tout le monde (financier) en rêve, il est du sérail. Marine ? Ce sont les autres pays qui nous attendent. Pour eux depuis cinq ans nous sommes inaudibles avec elle nous serons inexistant.

Comme toujours on s’enflamme sur ce qui n’aucune importance ou si peu. La leçon de tout cela, c’est que la majorité de nos parlementaires a quelque chose à se reprocher. Pas vous ? Moi si… Je me reproche d’avoir écrit tout cela pour vous en faire part, mais peut-être que cela vous donnera envie vous aussi de vous manifester avec un bulletin de vote à la main. Pendant que nous débattons des semaines sur rien, nous perdons du terrain sur tous les autres pays, nous perdons du temps à ne pas demander des comptes à nos élus depuis la Présidence du Général De Gaulle. Lui ne pensait qu’à la France, ce que nous ne savons plus faire. C’est la leçon principale de la triste affaire de Pénélope….

Pour continuer à exister sur l’échiquier mondial, nous allons devoir changer et pendre enfin « conscience de notre inconscience ». Donner le droit de nous représenter à des gens responsables. Nous allons devoir le décider nous-mêmes, individuellement. Je rejoins là un homme que j’aimerai bien voir Ministre de l’Agriculture, c’est Pierre Rabhi. Il dérange sûrement, mais il sait ce qu’est l’agriculture. Il nous dit*** : « …J’ai la conviction selon laquelle il ne peut y avoir de changement de société sans un profond changement humain... ».  Il nous reste beaucoup de travail, on ferait bien de s’y mettre !


Michel Prieu


***La convergence des consciences-Pierre Rabhi avec la collaboration de Bernard Chevilliat (Le Passeur-Editeur)

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