Bonjour,
Le calme du « Grenier » me met
dans un drôle d’état de réception. Le rythme de vie de la ville incite à
l’action du moment mais l’altitude m’invite à l’action de réflexion. Voir les
sommets aiguise les sens. Le matin quand je me lève ou l’après-midi quand je
rentre du ski, je suis surpris de me trouver dans ce petit chalet ciselé dans
le bois comme un écrin. Où que je pose les yeux il ne manque rien, ni dans la
finesse du travail du bois, ni dans la décoration, ni dans l’équipement du
quotidien.
Quand je me souviens de bagarres
perpétuelles menées avec les architectes pour obtenir un projet de construction
cohérent, je me dis que l’intelligence n’est pas toujours bien distribuée.
Qu’il n’y a pas besoin de faire des études de haut niveau pour réussir quelque
chose avec le cœur. L’intelligence est partout reste à la rendre visible…
Ma devise de vie n’est pas un long discours,
c’est « oser savoir », elle me guide depuis que j’ai pris conscience
du souhait que mes parents avaient pour chacun de mes frères et sœur :
« fais mieux que nous » …
J’ai mené des projets comme peu de mes
camarades et au bout du chemin aujourd’hui dans ce nid à un moment de ma
journée sont accrochées au même endroit à l’intelligence de l’homme et celle de
la Nature. Prendre la dimension de la campagne c’est comme cela que je le
conçois. Voir et sentir, faire des choses simples et en haut des pistes être
illuminé par le spectacle lumineux du Massif du Mont Blanc. La philosophie du
monde est là. Deux images qui paraissent distantes et pourtant qui ne font
qu’un. L’un qui ne paraît rien, l’autre qui semble tout mais qui forment
ensemble la vie d’ici.
Cette vie qui change à grande vitesse et
qui au tournant de 2018 semble pour nous Français se mettre en route. M. Macron
a court-circuité le vie politique du pays, je crois sentir que le changement attendu
est en route. Les cartes sont redistribuées, certains anciens ont du mal à se
situer. Poussés dans l’inconfort de se trouver à chercher du travail, ce qu’ils
n’avaient jamais fait. D’autres n’ont pas encore perçu que la manière de
manager les institutions ou les entreprises devait changer pour avancer.
De mon grenier je vois que nous sommes en
transition. Les dogmes du passé sont bousculés par le fait qu’il semble que
l’espoir renaisse face à ce que propose le monde et du coup des pans entiers de
notre société sont à remodeler. Les outils numériques mis à notre disposition
offrent aux courageux les moyens de faire connaître leur opinion en donnant un
point de vue qui n’est pas passé au filtre des financiers ou industriels qui
ont acheté les moyens de continuer à nous tromper. Le pouvoir change de main ,
il va mieux se partager.
A partir du moment où nous entrons en
période de transition, il y a des gens qui sont authentiques et tournés
honnêtement vers l’avenir et il y a ceux qui continuent de s’accrocher à leur
passé douillet. Je redis pour ceux qui ne l’auraient pas compris que l’ère
atomique a apporté la paix. Elle est là depuis l’explosion d’Hiroshima. Bien
entendu, faits comme le sont les hommes la guerre a pris d’autre formes et
c’est en cela que nous avons pris du retard peut-être à changer de philosophie.
Nous vivons une guerre de mouvement, nous ne pouvons plus rester sur nos
anciennes positions.
Cette paix demande de se réinventer, de
chercher au fond de l’Univers pour trouver un sens à ce monde en fusion, c’est
court et long à la fois mais les faits sont là : nous ne pouvons plus ni
penser ni agir comme il y a seulement 25 ans. Pour pouvoir s’en tirer dans ce
monde lancé à 1000 km heure, ce ne sont plus les plus instruits qui peuvent
dicter le chemin à l’ensemble des autres. L’intelligence est partout et elle
peut être cultivée en dehors de canaux habituels de l’école. C’est une
révolution.
Prenons quelques exemples pour être
concrets, la politique, la santé, l’éducation et le sport. Tous les pays du
monde sont dans ces domaines en compétition, la guerre moderne, incontournable
et féroce.
Les systèmes politiques ont différents mais
ce que l’on peut constater c’est que partout les scandales qui éclatent
montrent que certains personnages élus ou choisis profitent de leur position
pour tirer un intérêt personnel de leur rôle public. Aucun pays n’échappe à ce
constat. Mon philosophe préféré c’est Pythagore son théorème lui a gâché sa
notoriété. Peu de monde le sait mais il a inventé plus que de raison à
commencer par la philosophie. Comme il s’est refusé semble -t-il à écrire
lui-même, ce sont ces disciples qui ont le mieux parlé de lui. Outre philosophie,
il a inventé des mots nouveaux : mathématiques, la politique, secte, médecine, végétarisme…trois
domaines qui aujourd’hui font fureur dans le monde.
Cédric Villani vous fait flipper pour les
mathématiques comme personne pour modéliser tous les systèmes vivants. C’est un
philosophe et un politicien aussi mais de nouvelle génération. Ce qui est bien
chez Pythagore c’est qu’il est parti du postulat que la politique était
aristocratique. De ce point de vue il s’est un peu trompé car aujourd’hui ce
n’est plus cela. Tout n’a pas encore changé mais les nouveaux médias vont s’en
charger, la philosophie a changé : elle a besoin d’intelligence collective
pour faire marcher un système aussi petit soit-il.
Chacun en lui-même est un système voire un
ensemble de système. Nous-même sommes vivants grâce à plusieurs systèmes :
système cardio-vasculaire, digestif, musculaire, cérébral… Si l’un d’entre va
mal tout est détraqué. Pour avoir une politique de bonne santé personnelle,
s’engager dans une philosophie de vie équilibrée est œuvre de prévention. Tout
un changement pour notre futur ! Une innovation individuelle.
Pour vivre en bonne intelligence dans un
couple il faut plusieurs intelligences pour trouver l’harmonie. Ce n’est plus
l’air du temps. Les philosophes du moment vous disent qu’avant c’était plus
facile de s’engager à deux pour faire des enfants et redresser un pays détruit
par la guerre. On vivait moins longtemps.
Maintenant la responsabilité des parents
est autrement mise en question. Un enfant qui naît devrait pouvoir être mieux
armé pour résister à ce qui lui est proposé. Pas du tout l’enseignement met du
temps à s’adapter, les parents ont déjà été déboussolés. Le monde va si vite
que des théories à peine bâties sont déjà obsolètes. Les manières de rester
compétent sont éparpillées, nous n’avons pas appris à les chercher. Nous
souhaitons être employés alors qu’il faudrait déjà être entrepreneur. Pas la
même philosophie et surtout pas la même responsabilité.
Prenez la santé. Comment expliquer la
profusion de thérapeutes de toute condition alors que les médecins ne sortent de
l’université qu’avec difficulté, pas préparés à soigner comme il le faudrait à
l’endroit où l’on en a besoin. Il y a quelque chose qui ne tourne pas rond dans
notre système. Politiquement nous ne sommes pas en adéquation avec le besoin
collectif, l’intérêt général. Cette philosophie politique est aussi économique.
Freud est mort après avoir créé une
philosophie de psychologie, complétée par Jung mais tous deux sont dépassés par
ce que nous ont apporté les neurosciences quand elles se sont mariées avec le
numérique. Il n’y a pas si longtemps, à peine 20 ans que nous avons le recul
pour aborder ce sujet. Les images du cerveau stimulé par certains de nos
besoins ont démontré que les philosophies qui devaient nous guider devaient
s’adapter. Alors face au vide de la situation, l’organisation a trouvé de
nouveaux métiers. Le corps a des tas de ressources pour se soigner. Elles sont
exploites mais encore niées par le monde politique.
Ce n’est pas parce que vous êtes élu par 30
ou 40% de votants parmi la population que vous devez oublier quelle est votre
mission, travailler à l’intérêt général, éthique de la politique. Vous ne devez
pas dépenser impunément l’argent public sans avoir étudié les risques et les
bienfaits réels ou subjectifs qu’ils vont apporter à vos administrés présents mais
surtout à venir. Un temps, j’ai refusé de cautionner de nombreux dossiers
d’industriels alors que je dirigeais un cabinet conseil, émanation du Ministère
de l‘Industrie, qui ne visaient qu’à pomper des fonds publics ou européens sans
vision du retour d’investissement. Nous avons perdu le sens des réalités et
surtout de la responsabilité.
Pour revenir à la santé l’affaire Lactalis
défraie la chronique, comme celle de Perrier à pu le faire. Erreur industrielle
de grande échelle dû à l’évolution de notre société, la presse le stigmatise et
Lactalis doit réparer les dégâts. On peut être choqué d’un tel événement, pour
un industriel ce risque est connu, couru tous les jours, l’erreur humaine. Soit,
mais que dire des commerçants de toutes conditions et de toute surface qui ont
continué à vendre le lait rendu dangereux malgré l’interdiction des autorités
sanitaires ?
Venons en à l’Education. Je suis né à une
époque d’innovation, dans une famille de forgerons et de serruriers. J’ai
appris les sciences pour former la matière, une philosophie égale à celle du
menuisier. On ne peut ni brusquer le bois, ni l’acier ; maltraité il vous
le rendra, le meuble va se déformer, le couteau va s’ébrécher.
J’ai innové en passant de la forge d’acier
à celle d’aluminium. J’ai dû former des personnels sur le tas pour adapter
leurs manières de travailler ce nouveau matériau et ses alliages. Enseigner,
c’est compliqué mais vital si vous voulez décupler vos forces et vos
compétences pour rester sur le marché. Puis la robotique est arrivée, mélangée
à de nouvelles règles du travail, pour la sécurité, la qualité rien de plus
normal. En plus de s’adapter aux nouveaux moyens, il fallait innover dans la
manière de piloter les entreprises, les hommes devaient changer et c’est
compliqué, il faut expliquer, accompagner. C’était il y a à peine 30 ans. Mon
constat de l’époque était tout de même que l’on pouvait changer de métier si on
le voulait. On pouvait jeter ce que l’on avait appris pour apprendre autre
chose. Partir banquier de Paris pour élever des chèvres par exemple dans
l’Aveyron ou le Cantal…
Une philosophie que certains ont prise. Nous
avions encore le temps de pouvoir le faire. Le temps de développement d’une
nouvelle voiture était encore de 2 ans. L’évolution avait été sévère tout de
même par rapport à ce qu’avait connu mon père. Déjà en 2000 pour préparer une
pièce de forge pour l’automobile le temps était de l’ordre de 8 mois. Nous
travaillions alors avec des machines-outils à grande vitesse comme le TGV.
Elles tombaient en panne d’accord, mais en les surveillant, les entretenant,
les aimant (je ne plaisante pas) elle vous rendaient un vrai service. Je le dis
en passant mais c’est important (plus tard je vous dirai pourquoi), mais en
attendant réfléchissez : les machines ont un cœur. Si on les maltraite
elles ne fonctionnent pas, comme les hommes.
Poursuivons sur la philosophie de
l’éducation. L’invention des mathématiques par Pythagore donne aujourd’hui lieu
à des modélisations qui accélèrent le temps comme Einstein nous l’a montré.
Plank a fourni d’autres données sur l’infiniment petit et les deux réunis
donnent des outils qui changent le monde presque chaque jour. Tous les domaines
de la vie sont touchés et changent les philosophies. Votre téléphone en est
l’illustration. Plus question de partir à l’école pour apprendre seulement un
métier spécialisé. Le savoir de l’honnête homme du XXIème siècle est un système de
connaissances transversales. A son poste de travail, nul ne peut ignorer ce qui
se passe dans la vie de celui qui œuvre à côté. Nous sommes des êtres humains
entièrement connectés. Plus question de construire un bâtiment sans savoir
comment il va être exploité sans créer de préjudice à son environnement.
Tout change si vite qu’il faut avoir un
corps de connaissances générales qui nous serviront à nous adapter aux
changements qui vont se présenter. Nous devons nous construire un pilier de
connaissances générales qui vont nous aider au lieu de nous bloquer comme
beaucoup l’ont déjà senti. Pour rester dans le concert du monde chacun doit veiller
à ce que son savoir, ses compétences (quand il ose se servir de ses
connaissances) ne soit pas érodé par un moment d’inattention. Nous devons
« ozer savoir » en permanence. Aller chercher les connaissances dont
nous avons besoin pour rester dans le concert du temps et de l’espace. Cette
musique symphonique qui ne s’arrête jamais parce que des instruments nouveaux
viennent sans arrêt compléter l’orchestre rendant obsolètes les premiers
entrés. Seule la musique ne change pas, elle est harmonie, même si on ne l’aime
pas. Tout un chacun ne vibre, mais pas de la même façon que son voisin. Il a
besoin de cette présence et de tout ce qui l’entoure pour continuer de vibrer.
C’est parce que nous vibrons que nous vivons comme la Nature. Nous vivons ce
que nous pensons.
Alors la philosophie d’aujourd’hui appelle
le changement permanent. Nous sommes des êtres humains qui revenons aux
sources. Le calme de la montagne me permet de regarder un peu mieux la vie des
autres. C’est facile, il n’y a pas de bruit pour me déranger. A la ville, déjà
plus compliqué ! Je suis un sportif dans l’âme et j’aime la performance. Il
y a encore quelques années, je pouvais penser que si j’étais performant, j’arrivais
à mes objectifs, je me le devais. Aujourd’hui ce n’est plus vrai. Je le dois
aux connaissances que m’apporte la collectivité. Je suis performant parce que
je suis connecté au monde qui m’entoure. Qui m’apporte des connaissances, des
attentions, des vibrations qui me rendent plus fort, plus vrai, plus
authentique. Il est temps de tomber les masques et de se regarder dans une
glace. Même dans mon chalet je ne suis pas seul.
Je ne peux être performant que si je suis
vivant, si je vis en harmonie avec moi-même et ceux qui m’entourent. Je suis
comme je suis, fort ou faible selon le moment et j’ai la joie de le constater,
c’est ma vérité. Je peux être performant en partageant avec les autres, de la
sorte je deviens plus intelligent. Même si son choix du moment n’était pas le
bon, Pythagore avait raison ; la politique était aristocratique. Il ne
savait pas alors que chacun était roi. Les rois doivent coopérer pour pouvoir
régner dans le domaine où ils veulent siéger. La philosophie d’aujourd’hui est
au partage, vivre seul est trop compliqué.
A suivre…
Michel
Prieu
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