En réponse au blog de
Richard Escot : « Flexit » (Journal l’Equipe)
Bonsoir Richard et bonnes
vacances
Je vous lis très souvent
et de loin…c’est la raison pour laquelle je serai un peu long.
Dans la préparation de
l’élection du Président de la FFR, ce qui est important dans un premier temps
c’est qu’il y ait des programmes. On moins on peut en discuter. Le problème
majeur à mon sens est français. Problème de vision à long terme, manque
d’éducation des joueurs à la philosophie du jeu. Les équipes jouent d’abord
pour ne pas perdre, au lieu de mettre en place une stratégie pour gagner. C’est
une différence. Le spectacle est changé. Pour y arriver ? Oui il faut
réformer, en profondeur. Chers amis du débat, nous aimons ce jeu, pour quelle raison ?
Nous avons tous la même : il nous a éduqué. On y a pris du plaisir, trouvé
des copains et une philosophie de la vie. En a-t-il été autrement quand vous
avez préparé votre métier ?
Rugby amateur ou
professionnel ? Il faut les deux, sans antagonisme, c’est un choix de
société et ce devrait être clairement défini au plan de la stratégie de la FFR.
C’est de la politique. Dans le concert des nations la France perd des points
(et pas seulement au rugby) il faut mettre en avant l’EDF et s’intéresser aux Internationaux.
Le secret pour
gagner ? Les faire jouer avec une
philosophie française. Nous ne sommes ni anglais ni Néo-Zélandais. On a nos
qualités servons nous-en. Pour jouer au rugby, il faut être fier et sûr de soi. Une stratégie claire et partagée, défendre et
attaquer, les deux sont obligés pour gagner régulièrement.
Trouver le moyen de
dédommager les clubs qui les fournissent les joueurs, c’est le devoir de la FFR
et de la LNR. On ne peut pas spolier les entrepreneurs. Cesser ces doublons qui
défigurent l’équité sportive du Championnat. C’est aussi pour cela qu’il faut
attaquer le Board Britannique et discuter au niveau de l’Europe. Il faut un
championnat d’Europe. Celui du foot ne s’est pas créé en quelques années.
Personnellement, je ne
supporte pas de voir une équipe française, représentant une ville, jouer contre
une région Irlandaise ou Ecossaise. Alors faisons comme eux et mettons en place
des comités professionnels ou discutons plus avant pour créer un vrai
championnat d’Europe mais à égalité dans la construction des équipes. Que font
les Argentins et les Japonais, des franchises pour apprendre en Super Rugby. Les
nations demi-finalistes de Rugby World 2015 jouaient dans le l’hémisphère Sud.
Entre le championnat
TOP14 et un match international qu’est ce qui change ? L’intensité de
l’effort et le temps de jeu. Nos joueurs européens, ne sont pas bien préparés
pour une telle intensité répétée. Ceux qui progressent ont souvent des coaches
étrangers de l’hémisphère sud. Ecoutez les joueurs qui jouent contre les
australiens ou Néo-Zélandais. On n’est pas loin, on pouvait passer…des regrets
encore des regrets.
Qui un jour a décidé
d’interroger les joueurs étrangers qui viennent chez nous pour y
jouer ? Je suis en Australie et Nouvelle
Zélande, je vois les matches du Super Rugby chaque samedi. Je vois du jeu vers
l’avant, beaucoup de jeunes gens (à mon grand étonnement) cela me fait penser
au foot anglais ou allemand. C’est pareil dans le rugby des amateurs le samedi
après-midi. Cependant je crois que ce tournoi était meilleur en Super 12. Pour
avoir de la qualité il faut concentrer. L’avenir nous le dira mais faire de
l’argent, c’est autre chose que de jouer au rugby, un autre métier, tout aussi
noble mais différent.
Les joueurs doivent
pouvoir souffler et se préparer, il faut donc diminuer la manière de les
engager. Un top 14 n’a pas de sens ; le niveau n’est pas suffisant pour ceux
qui montent de Pro D2. Je suis Tarbais et j’enrage de voir l’état du rugby avec
l’histoire des villes de Bagnères de Bigorre, Lannemezan, Lourdes, Tarbes
(toutes championnes de France), incapables de s’entendre pour créer une
dynamique qui gagne et faire la publicité du département. Ecouter le
« dialogue » de Biarritz et de Bayonne l’an dernier, pour une affaire
où personne n’a gagné…C’est navrant !
Quelle est la tendance
aujourd’hui ? Les métropoles ont les moyens de créer des équipes. Les nouveaux
managers mettent en place des staffs comme dans l’industrie. L’évolution de
Bordeaux et de Lyon est sont l’exemple type. MM Lorenzetti et Boudjellal sont
des entrepreneurs ; croyez-vous qu’il en soit autrement à Toulouse ou
Clermont ou même Castres depuis des années ? En plus de la tradition
rugbystique, il y a des sponsors qui font souvent l’histoire du club. Mais pour
Agen, Brive et La Rochelle les bonnes volontés sont là pour maintenir une
tradition forte, mais les bassins d’industrie pour soutenir les budgets sont
beaucoup trop petits. Pau semble un peu à part dans ce tableau. Maximum,
maximorum, Top 12…
Et puis disons-le tout
net il y a les hommes, ceux du staff qui font les équipes. Paris s’est emballé
l’an dernier pour se fourvoyer cette année, idem pour Oyonnax qui a perdu son
entraîneur entraînant…Certainement des leçons à en tirer. L’amour du maillot ne
suffit plus, mais il faut tout de même qu’il soit créé quelque part, c’est une
des valeurs du rugby. J’ai appris une chose au golf que j’avais négligé au
rugby : je suis responsable de tout ce que je fais. Si j’avais compris
plus tôt, j’aurais été meilleur au rugby. On ne peut pas jouer seulement pour
l’argent, dans aucun sport on ne peut jouer à son maximum, faire les efforts
nécessaires que si nous adhérons à un projet cohérent…Les meilleurs managers le
savent dans tous les secteurs d’activité…
Comment faire jouer les
jeunes ? D’abord leur faire confiance, ce n’est pas souvent qu’en France
on les met en avant (dans l’industrie non plus). Les préparer correctement avec
des exercices et des entraînements qui les rendent adroits quel que soit leur
poste. Ensuite les intégrer dans un championnat du même type que celui de
l’élite. Et leur faire comprendre le travail est leur seul salut. Gagner sa
place, c’est du travail à l’entraînement et en match. Des exemples on en a,
interrogez Parker ou bien Lavillenie…Faites les venir pour des séances de
coaching des dirigeants de la FFR et des futurs entraîneurs. Les programmes de
travail seront sans doute bien différents.
Et oui, très bonne idée
de demander aux joueurs professionnels de se mouiller dans des clinics, Tiger
Woods le fait. Rien de plus important aux yeux d’un enfant. Juniors, nous
étions fiers quand les équipiers premiers venaient nous voir jouer. Et puis
faire le nécessaire pour amener les jeunes des écoles de rugby au stade. Que
les clubs en fassent un challenge.
Verrai-je tout ce travail
dans le programme d’un seul homme ? J’en doute puisque déjà des voix se
sont élevées, à la LNR en particulier (les nôtres sont un Jeu pour exercer le
Je). Canal+ a ouvert son portefeuille pour s’offrir une vitrine que les équipes
rémunérées, ne lui rendent pas. Cela ne me dérange plus d’aller jouer au golf
le samedi. Les matches de poule sont insipides pour la plupart. Dans les
statistiques, je voudrais que l’on relève le temps que les joueurs passent à
préparer une mêlée et à la jouer. Et puis ensuite le temps passé à terre pour
ne pas perdre la balle…Quand les entraîneurs demanderont ils à leurs équipiers
de jouer debout ?
L’avenir du rugby à 7.
C’est un autre sport que le quinze. Un très beau sport, vraiment. Un sport
d’athlètes préparés autrement qui n’ont qu’une envie : se passer la balle
pour aller à l’essai…une idée simple comprise de beaucoup de pays, cela fera
des petits. La préparation est celle des décathloniens. Nous avons des experts
qui savent le faire, pourquoi ne pas les inviter pour essayer de
progresser ? Pour M. Lapasset, la place où l’on se trouve en ce moment au plan
international est un vrai camouflet. Quelque chose a dû foirer dans le projet
lancé il y a quelques années, mais on réagira quand les Jeux Olympiques de Rio
seront déjà passés. Il faudra revoir tout ce projet afin de le réorienter et
faire un championnat auquel tout le monde s’intéressera.
Désolé de vous avoir pris
tant de temps dans vos vacances…le sujet n’est pas simple !
Michel Prieu
*** legolfaucoeur.blogspot.com
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