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A2 - Qui gouverne? (6-3-16)




La lecture des nouvelles qui me viennent de France, attire une fois de plus mon attention et m’oblige à réagir. Je rêve d’une belle France qui serait encore solide, aurait une influence en Europe et serait gouvernée honnêtement par celui qui a gagné les suffrages des citoyens. Dans un coin de ma tête je me serais dit, à la place (si peu enviable) du Président que si je m’occupais des français, j’aurais moins de problèmes pour gagner un nouveau contrat avec la Nation, dans 13 mois maintenant.

Quelle surprise que de voir en lieu et place de discussions économiques ou politiques préparant l’avenir, je vois un Président qui frappe un ballon de football dans un but vide. Une preuve qu’il recherche la facilité, me suis-je dit dans une grimace. Un autre article : c’est un camouflet de plus au Salon de l’agriculture, face à la grogne des paysans…Un d’entre eux aurait dit que « c’était un bon à rien » et les journalistes de se poser la question de savoir si ce ne serait pas la bonne définition pour caractériser les œuvres de son quinquennat finissant.

Comment en sommes-nous arrivés là ? Comment en sommes-nous arrivés à manquer de respect de la sorte à la fonction de Président qui est tellement recherchée ? Est-ce l’effet de la « peopolisation » de ces dernières années ? La course à la présidence est largement engagée depuis 6 mois et va faire que rien ne sera possible en termes de décision politique pour sortir le pays et ses habitants des affres de notre stagnation dans tous les domaines.

De loin, je vois ce spectacle d’une agitation médiatique faite de supputations, de rumeurs diverses, de pesage de chances de tel ou tel postulant. Mais qui gouverne ? Qui pense aux français qui veulent s’en sortir ou qui ont besoin d’aide ?

Les leaders de la Droite se positionnent par livres interposés, ce qui ne fait pas encore programme mais pourrait le devenir ; à condition qu’ils se rassemblent un jour, au lieu de se déchirer dans les couloirs. La Gauche est en capilotade, avec des interventions assassines de la Dame du Nord, gardienne du travail partagé en 35 heures. Matignon serait opposé à l’Elysée, les deux réunis contre Bercy. Les idéologies volent bas pour finir de tuer l’école et le chômage stagne…

Depuis des mois, on prévoit des réformes qui restent dans les services et vont finir vidés de leur sens. Nos édiles donnent un spectacle lamentable. La plus néfaste représentation pour espérer garder encore un peu d’espoir et d’influence demain, non pas sur le monde comme avant, mais au moins en Europe. Menacer les Anglais d’ouvrir la « Jungle de Calais », ne suffira pas à éclairer les joutes qui se jouent en ce moment entre le Royaume Uni et l’Europe. Le Pape François se permet de donner un avis sur notre manière d’agir. Je l’aime bien, il travaille dur pour redresser ce qui peut l’être dans la conduite de l’Eglise…

Pendant ce temps, les grandes entreprises de France ont de bons résultats et continuent de progresser. Personne ne le met en valeur ou si peu que cela reste seulement dans l’entregent des initiés. Nos jeunes avec leurs start-ups qui innovent ont encore eu des succès au Salon de Las Vegas, comme l’an dernier. Nous restons parmi les premiers à déposer des brevets. Qui s’en préoccupe ? Qui travaille pour faire fructifier cela dans les assemblées élues ?

Qui va dire enfin que le chômage va continuer longtemps si les entreprises ne peuvent créer des produits et trouver des marchés pour les écouler ? Les marchés sont ouverts : locaux, régionaux, nationaux, européens et mondiaux. Comment mieux les prendre que de les attaquer ? Le seul plan que l’on peut attendre d’un gouvernement est qu’il favorise les initiatives, or je crois que depuis des années il les entrave par des règlement iniques qui en découragent plus d’un.

Ceux qui gagnent encore leur vie en ont assez de ne pouvoir profiter de la liberté qu’ils ont acquise en étant ponctionnés au-delà du normal. Est-il normal de travailler 7 mois pour l’Etat ? Surtout que ce dernier n’aide pas à simplifier les choses et surtout à diminuer son train de vie pharaonique. Les dirigeants ne respectent pas leur parole vis-à-vis de tous les citoyens, mais de l’Europe non plus. Trouvez-vous cela normal que l’on ne rembourse pas une dette ? Trouvez-vous normal de dépenser plus que l’on ne gagne ? Avez-vous déjà eu l’occasion de le faire avec votre banquier ? Un air de dire : « que le peuple se débrouille ou après nous le déluge », flotte dans l’air.

Un grand groupe industriel de l’énergie est en déconfiture totale. Des millions d’euros sont en jeux et des vies aussi, perdus pour incompétence des dirigeants. A quoi cela sert-il de faire de hautes études si l’on oublie l’essentiel du bon sens dans les projets stratégiques ? Une fois de plus le client sera (peut-être) protégé mais le contribuable paiera : c’est le même, entourloupe facile. Mais ceux qui ont commis les erreurs continueront leur chemin à l’abri des soucis. Après la « Liberté » limitée, que devient « Egalité » dans notre République. Où est la justice dans tout cela. Ne parlons pas ici de l’éducation et de la santé, j’y reviendrai…

Les paysans sont en pétard. Qui va leur dire qu’ils en sont en partie responsable de leur situation ? Tous les paysans ne sont pas dans les rues. Certains vivent leur vie parce qu’en travaillant ils ont fait des choix raisonnables. La mondialisation n’épargne personne, elle est la persistante pour tous. Comment ceux qui ne se plaignent pas, ne démolissent pas tout, ont-ils fait ? Ils ont réfléchi au lieu de suivre des chimères où la FNSEA n’est pas si étrangère qu’elle voudrait paraître. La course au rendement coûte très cher et fait le jeu de l’industrie tout en épuisant les sols. On en oublie que le paysan travaille avec la Nature et qu’un jour elle s’épuise. Pareil pour les ressources d’eau et de matières premières ? On n’arrête pas la course du progrès mais peut-être avec la réflexion pourrait-on l’infléchir. Nous avons su faire cela déjà. Revenons à des choses simples et qui ont encore du sens Nous avons des atouts, pourquoi ne pas s’en servir ?

Le quinquennat voté sous Jacques Chirac fait que nous sommes toujours en campagne électorale. Cette situation nous prive de la réflexion nécessaire parce que nous passons trop de temps à mettre en place les actions décidées. Rien ne se fige et entraîne de l’insécurité pour tous les citoyens et tous les secteurs économiques. La démocratie est ce qu’il y a de meilleur, mais lorsqu’elle fonctionne et seulement dans ce cas. Sinon c’est le spectacle que nous donnons d’un pays à plusieurs vitesses ou personne n’accomplit la tâche qui lui incombe.

Nous avançons sous les coups du sort que nous ne provoquons pas, la crise de l’euro sous Nicolas Sarkozy ou les attentats de décembre dernier…puis le train-train reprend… Des annonces, des rumeurs, beaucoup de communication et pas d’action. Des travaux qui ne se font pas aux Assemblées et les élus qui dépensent l’argent que le pays ne peut plus gagner…

Pas de travail sur le long terme, pas d’idées nouvelles dans l’éducation pour accompagner le changement rapide, la peur de perdre une élection domine partout. Le sens de gouverner est-il perdu ? Je crois avoir appris d’Emile de Girardin :« Gouverner c’est prévoir. » Qui s’en charge ? Nous sommes administrés au point d’être dans des carcans, mais qui a une vision de l’avenir ? Qui même tente de se poser la question ?  Comment peut-on encore respirer. Le français est solide mais il ne faudrait pas continuer longtemps…

Nous cherchons des solutions dans l’idéologie de droite, de gauche ou du centre, alors que nous sommes français. L’idéologie est un carcan de plus, elle empêche le dialogue et l’ouverture d’esprit par définition. Or le monde est ouvert. Avec toute notre histoire, nous ne réfléchissons pas comme les autres. Nos racines sont multiples et nous ont permis de devenir ce que nous sommes : une surface de timbre-poste sur la mappemonde et pourtant nos idées sont partout et sont toujours vivaces. A peine aborde-t-on une nouvelle côte, une nouvelle frontière, qu’à la première rencontre nos hôtes nous parlent de notre beau pays. Il est dans sa position, une miniature du monde. Partout on en retrouve une image, des noms, des statues, livres, cadeaux que l’on a faits et qui perpétuent le souvenir d’une magnificence aujourd’hui dépassée mais pas révolue.

Qui va s’occuper de la régénérer ? Qui veut vraiment gouverner ?





Michel Prieu


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