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B2 - Un homme de rugby: Guy Novès (10-2-16)

Je ne connais pas ce monument du rugby  et si je devais le rencontrer je serai très intimidé. J’écris ces lignes alors que le premier match de sa nouvelle équipe est passé. Une première fois, à sa manière, il a fait des choix, un nouveau  premier pas…Je crois que cet homme sait où il va.

Moi-même toulousain de cœur et de formation, je l’ai vu naître à l’aile du Stade Toulousain. Le souvenir d’un homme de fulgurance. Sa silhouette d’abord qui vous classe son homme, pas un gramme de plus que lorsqu’il sprintait le long de sa ligne de touche du Stade et de l’équipe de France. Je le vois dur  au mal et pourtant élégant et racé : la félinité de Christian Darrouy, la hargne de Louis Cazaux. Monsieur Novès ne laisse personne indifférent, intègre et passionné, il dérange forcément.

Guy Novès, c’est aujourd’hui un palmarès qui force le respect, vous saurez le trouver. La ville de Toulouse est très particulière et forme les caractères. Celui qui y a vécu lorsqu’il s’en sépare, reste  un peu Cathare, la tête dans les nuages, Airbus est né tout près, et les pieds bien accrochés au sol pour résister au vent d’Autan. Guy est de cette trempe-là. Athlète, il a voulu enseigner sa passion du sport aux enfants…Intègre et humaniste, c’est ma conviction pas la seule définition.

J’aime à penser que ses traits burinés ont été sculptés par le travail, cette vertu qui fait les destinées et dont on parle si mal. La figure émaciée par le vent du vélo qui lui permet un peu de liberté pour penser l’avenir.

Il en reste courbé comme si pour avancer il devait affronter une grosse mêlée. Il paraît frêle et dans le même temps aussi dur que l’acier. Homme de conviction, il donne son opinion et montre le chemin a bien des gamins. C’est un éducateur qui sait de quoi il parle, et je sens bien que son enseignement parle du sport à l’esprit des enfants autant qu’à leurs tripes. Même à l’école, je le crois entraînant et je ne crois pas qu’il ait eu des problèmes de discipline dans ses rangs.

Fidèle à son maillot, il doit connaître tous les recoins du Stade Ernest Wallon et je ne pense pas que l’antre des Sept Deniers dans son évolution n’ait pas un bout de ses idées pour l’aménager. L’homme est un travailleur et je peux penser que pendant que d’autres dorment lui, reste à penser. Dans ses conversations, on sent bien qu’il est en avance et a déjà organisé l’avenir de ceux qui  l’entourent. La famille paraît pour lui un ciment et le choix de ses hommes ne doit rien au hasard. Il peut paraître froid mais ses yeux sont partout pour protéger ceux qu’il aime. Aux aguets sans arrêt…

Monsieur Novès est un chercheur et dans son jeu un trouveur. Quand il est né, je peux penser qu’il avait un plan, qu’il voyait son chemin, tout semble cohérent. Toulouse est une métropole mais son cœur bat autour de Saint-Sernin. La pierre de ses murs nous vient de loin, et comme à San Francisco l’intelligence est dans la rue autant que sur les bancs des universités et des bureaux d’études. Monsieur Novès s’est nourri de cet esprit autant que des hommes qu’il a rencontré. Je crois qu’il a appris de tous ceux qu’il a trouvé et ceux qu’il a choisi. Dans sa recherche, il a bâti plusieurs équipes comme une dynastie. D’éducateur, il est devenu entraîneur, mieux je crois un éducateur entraînant, à son côté on doit devenir plus intelligent.

Insatisfait sans doute, il est parti chercher au plus lointain des terres d’ovalie, un jeu pour les siens. Du meilleur des All Blacks étudiés chez eux sur le terrain et dans toutes leurs prestations, il a construit son plan pour le faire toulousain. A tel point que le terroir se retrouve dans le jeu du dimanche. Avancer, debout en respectant le jeu, pas de compromission éviter vaut mieux que tamponner, pour le plaisir de tous. Sa victoire c’est le chant des tribunes « Toulousains ! Toulousains !... ». Personne ne s’y trompe, Guy Novès, c’est Toulouse, comme Alex Ferguson est Red Devils.

Avec le temps il est devenu manager, pas une promotion, une nouvelle mission. Comment ne pas penser que la politique l’intéresse. Comment ne pas sourire de sa langue de bois ou de ses entrechats auprès des journalistes. Prompts à le critiquer, combien sont repartis insatisfaits et rien à mettre dans leur papier. Manager, il a su composer pour trouver et diriger les hommes qu’il a sélectionné. Combien sous sa férule sont devenus des champions hors norme, il a pu être strict, dur, mais il a su sortir de chacun d’eux ce qu’il avait entrevu de leurs qualités sans jamais tirer la couverture à lui. Il est allé chercher ceux dont il avait besoin pour le destin toulousain et auprès de lui chacun a fait son chemin sans que jamais il ne fasse autre chose que d’en prendre soin. Humaniste  vraiment quand on sait le respect de ses joueurs d’où qu’ils viennent où qu’ils aillent, pour chacun plus rien ne sera pareil. Il avait pris des joueurs, parfois caractériels, il en a fait des hommes.

Et pour finir élégant sentimentalement. Homme d’un seul camp toute sa vie durant, de nouveau il se lance vers un autre chemin… Avant que de partir, peut-être un peu meurtri, il a passé la main à quelqu’un né ailleurs mais lui aussi nourri de l’âme toulousaine. Hugo est arrivé, à lui de travailler pour y fixer sa trace.

Guy, quel sera son destin ? Je crois qu’il a un plan. Dans ce monde troublé, il restera tranchant, c’est sa nature et ce n’est pas aujourd’hui qu’il la transformera. Encore pour un moment, il tracera sa ligne et avec son courage poursuivra sa voie. Bien des dirigeants ferait bien de comprendre comment  de Pibrac aux Sept Deniers on peut bâtir en toute humilité une œuvre aussi vaste et complète. Un gagnant qui pourrait servir d’exemple à toute une Nation qui court après son passé sans vraiment savoir où aller…

Est-ce la vérité ? Juste un essai. Sera-t-il transformé ?


Michel Prieu

1 commentaire:

  1. Michel,
    Encore merci pour ta belle analyse,
    France Irlande semble être un nouveau départ.
    Jean-Pierre.

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