Je ne connais pas ce monument du rugby et si je devais le rencontrer je serai très intimidé. J’écris ces
lignes alors que le premier match de sa nouvelle équipe est passé. Une première
fois, à sa manière, il a fait des choix, un nouveau premier pas…Je crois que cet homme sait où il
va.
Moi-même toulousain de cœur et
de formation, je l’ai vu naître à l’aile du Stade Toulousain. Le souvenir d’un
homme de fulgurance. Sa silhouette d’abord qui vous classe son homme, pas un
gramme de plus que lorsqu’il sprintait le long de sa ligne de touche du Stade
et de l’équipe de France. Je le vois dur au mal et pourtant élégant et racé :
la félinité de Christian Darrouy, la hargne de Louis Cazaux. Monsieur Novès ne
laisse personne indifférent, intègre et passionné, il dérange forcément.
Guy Novès, c’est aujourd’hui
un palmarès qui force le respect, vous saurez le trouver. La ville de Toulouse
est très particulière et forme les caractères. Celui qui y a vécu lorsqu’il
s’en sépare, reste un peu Cathare, la
tête dans les nuages, Airbus est né tout près, et les pieds bien accrochés au
sol pour résister au vent d’Autan. Guy est de cette trempe-là. Athlète, il a
voulu enseigner sa passion du sport aux enfants…Intègre et humaniste, c’est ma
conviction pas la seule définition.
J’aime à penser que ses
traits burinés ont été sculptés par le travail, cette vertu qui fait les
destinées et dont on parle si mal. La figure émaciée par le vent du vélo qui
lui permet un peu de liberté pour penser l’avenir.
Il en reste courbé
comme si pour avancer il devait affronter une grosse mêlée. Il paraît frêle et
dans le même temps aussi dur que l’acier. Homme de conviction, il donne son
opinion et montre le chemin a bien des gamins. C’est un éducateur qui sait de
quoi il parle, et je sens bien que son enseignement parle du sport à l’esprit
des enfants autant qu’à leurs tripes. Même à l’école, je le crois entraînant et
je ne crois pas qu’il ait eu des problèmes de discipline dans ses rangs.
Fidèle à son maillot,
il doit connaître tous les recoins du Stade Ernest Wallon et je ne pense pas
que l’antre des Sept Deniers dans son évolution n’ait pas un bout de ses idées
pour l’aménager. L’homme est un travailleur et je peux penser que pendant que
d’autres dorment lui, reste à penser. Dans ses conversations, on sent bien
qu’il est en avance et a déjà organisé l’avenir de ceux qui l’entourent. La famille paraît pour lui un
ciment et le choix de ses hommes ne doit rien au hasard. Il peut paraître froid
mais ses yeux sont partout pour protéger ceux qu’il aime. Aux aguets sans
arrêt…
Monsieur Novès est un
chercheur et dans son jeu un trouveur. Quand il est né, je peux penser qu’il
avait un plan, qu’il voyait son chemin, tout semble cohérent. Toulouse est une
métropole mais son cœur bat autour de Saint-Sernin. La pierre de ses murs nous
vient de loin, et comme à San Francisco l’intelligence est dans la rue autant
que sur les bancs des universités et des bureaux d’études. Monsieur Novès s’est
nourri de cet esprit autant que des hommes qu’il a rencontré. Je crois qu’il a
appris de tous ceux qu’il a trouvé et ceux qu’il a choisi. Dans sa recherche,
il a bâti plusieurs équipes comme une dynastie. D’éducateur, il est devenu
entraîneur, mieux je crois un éducateur entraînant, à son côté on doit devenir
plus intelligent.
Insatisfait sans doute,
il est parti chercher au plus lointain des terres d’ovalie, un jeu pour les
siens. Du meilleur des All Blacks étudiés chez eux sur le terrain et dans toutes
leurs prestations, il a construit son plan pour le faire toulousain. A tel
point que le terroir se retrouve dans le jeu du dimanche. Avancer, debout en
respectant le jeu, pas de compromission éviter vaut mieux que tamponner, pour
le plaisir de tous. Sa victoire c’est le chant des tribunes
« Toulousains ! Toulousains !... ». Personne ne s’y trompe,
Guy Novès, c’est Toulouse, comme Alex Ferguson est Red Devils.
Avec le temps il est
devenu manager, pas une promotion, une nouvelle mission. Comment ne pas penser
que la politique l’intéresse. Comment ne pas sourire de sa langue de bois ou de
ses entrechats auprès des journalistes. Prompts à le critiquer, combien sont
repartis insatisfaits et rien à mettre dans leur papier. Manager, il a su
composer pour trouver et diriger les hommes qu’il a sélectionné. Combien sous
sa férule sont devenus des champions hors norme, il a pu être strict, dur, mais
il a su sortir de chacun d’eux ce qu’il avait entrevu de leurs qualités sans
jamais tirer la couverture à lui. Il est allé chercher ceux dont il avait
besoin pour le destin toulousain et auprès de lui chacun a fait son chemin sans
que jamais il ne fasse autre chose que d’en prendre soin. Humaniste vraiment quand on sait le respect de ses
joueurs d’où qu’ils viennent où qu’ils aillent, pour chacun plus rien ne sera
pareil. Il avait pris des joueurs, parfois caractériels, il en a fait des hommes.
Et pour finir élégant
sentimentalement. Homme d’un seul camp toute sa vie durant, de nouveau il se
lance vers un autre chemin… Avant que de partir, peut-être un peu meurtri, il a
passé la main à quelqu’un né ailleurs mais lui aussi nourri de l’âme
toulousaine. Hugo est arrivé, à lui de travailler pour y fixer sa trace.
Guy, quel sera son
destin ? Je crois qu’il a un plan. Dans ce monde troublé, il restera
tranchant, c’est sa nature et ce n’est pas aujourd’hui qu’il la transformera. Encore
pour un moment, il tracera sa ligne et avec son courage poursuivra sa voie.
Bien des dirigeants ferait bien de comprendre comment de Pibrac aux Sept Deniers on peut bâtir en
toute humilité une œuvre aussi vaste et complète. Un gagnant qui pourrait
servir d’exemple à toute une Nation qui court après son passé sans vraiment
savoir où aller…
Est-ce la vérité ?
Juste un essai. Sera-t-il transformé ?
Michel
Prieu
Michel,
RépondreSupprimerEncore merci pour ta belle analyse,
France Irlande semble être un nouveau départ.
Jean-Pierre.