LES
LOIS D’UN SUCCES
Malgré l’âge qui s’avance je
reste très attaché à la notion de performance proposée par notre société. Le monde
change de plus en plus vite et j’ai plaisir à me fondre dans cette transition. Je
sens le paradoxe qui consiste à voir revenir sur le devant de la scène l’Homme, alors que pendant un siècle depuis Taylor et Ford presque tout ou presque a
été fait pour le nier…
Il est plus fort qu’il n’y
paraît pour survivre sur cette Terre que nous avons contribué à dénaturer. Plus
que jamais, je me sens responsable de ce fait. J’ai conscience d’y avoir
participé par mes activités.
Je viens juste de comprendre
depuis quelques années que malgré tout ce que l’on peut imaginer notre cerveau
n’a pas tant évolué que cela. Le cortex frontal est venu s’ajouter au cerveau
de mammifère que l’on nous a légué à l’origine. Donc s’affronter pour survivre, exister et transmettre ce n’est pas demain que cela va s’arrêter.
Le sport va durer. Il a repris
la force que les philosophes et ceux qui les avaient étudiés voulaient lui
nier. Le sport n’est pas que le succès mais une manière différente de s’éduquer.
C’est en cela qu’il est une activité qui occupe autant la société. Opium du
peuple, la compétition est dans nos gênes; pourquoi s’ingénier à le nier ?
La compétition mondiale de football qui
vient de se terminer semble déjà avoir été oubliée. Le Tour de France a pris le
relais. Ce succès appelle tout de même quelques réflexions car cette équipe et
son staff ont donné quelques leçons qui montrent que la France a plus de ressort
qu’il n'y paraît dans une compétition.
D’abord hommage à DD, ce
milieu défensif qui dit qu’il est laid ou pas très beau pour mieux se cacher.
En fait le bonhomme sait parfaitement quel est son chemin. Je pense même qu’il est
habité, qu’il a compris des trucs qui sont essentiels et que nient la plupart
des mortels. Il sait des choses et il le dit : « le succès ? c’était
écrit.».
Je comprends ce qu’il dit, il l’a
imaginé, dessiné, orchestré, organisé avec foi et intensité. Dans la logique de
l’Univers tu es ce que tu penses.
Les gens lui ont dit que son
palmarès est dû à sa chance. Pas d’accord du tout, ce mec sait qui il est, où il
va et quelle est sa mission sur cette planète. Je soupçonne Aimée Jacquet de l’avoir
initié. Durs et bienveillants ces deux managers ont compris avant d’autres
comment mener leur destin et les hommes qui les accompagnent. La loi du succès
est une dérivée de la loi de l’alignement.
Comment a-t-il fait pour
convaincre son staff de vieux à coopérer pour accompagner les jeunes qu’il
avait choisi personnellement ? Management remarquable de noblesse entre
vision, objectif, stratégie, fermeté et bienveillance à partager pour créer la
masse critique suffisante pour emporter l’adhésion de tous.
Les vieux ont créé le cadre
d’action et permis aux jeunes de garder autonomie et créativité puis
responsabilité dans le chemin qui n’avait qu’un but : le succès. Pas de
théorie fumeuse, de phrase ampoulée, un seul mot : gagner !
Un secret tout de même
encore pour Didier Deschamps, sa capacité à anticiper et à s’adapter. Son
intégrité, son implication lui donnent la confiance de son environnement. Ce
mec est une tombe, taiseux sans doute, respectueux mais hypersensible. Il sent
et perçoit tout, sait où est sa place. Evidemment ce n’est pas lui qui le dit,
il a pudeur à parler de lui-même.
Ce sont ses amis, les membres
de son staff ou ses joueurs qui en disent le plus long. La confiance règne
entre son adjoint, son Président…l’amitié n’est pas évoquée, la confiance
respire l’honnêteté, l’intégrité, respect.
Les jeunes qu’il a choisis
étaient calibrés pour coller à son projet. Leur talent parlait pour eux mais
manifestement a fait jaser. Ses copains de régiment ou quelques "kings" de bars
et de la scène ont élevé la voix un moment. On ne se refait pas, on aurait pu
penser que venant du même métier ils auraient dû avoir du respect et le droit de réserve
connaissant le bonhomme. Une occasion de la fermer.
Les jeunes aussi avaient en
plus des choses à dire et surtout à montrer. Pavard qui connaissait ? Pas
tous les journalistes spécialisés. Hernandez ? Mbappé ? Les pépins avaient
écarté Koscielny (pas anodin, il manque ses grands rendez-vous) alors Rami.
Amuseur pour tenir l’ambiance. Chacun à sa place a partagé l’envie du chef de
gagner.
initier le cadre de chaque match, décrypter, analyser, s’adapter
et les joueurs ont inventé une forme de jeu qui les a fait gagner. Ils ont été
plus intelligents que les autres équipes qui ont joué avec des schémas arrêtés.
Chaque grande compétition fait l’objet aujourd’hui d’une intense préparation.
Les schémas de jeu sont décodés, analysés, copiés, testés… S’adapter, l’intelligence
situationnelle chère à Pierre Villepreux. Remarquable mélange chez ses jeunes
aux origines parentales qui font la France d’aujourd’hui. Colorée mais française et
revendiquée, pourquoi ? Leurs origines sont d’ailleurs et ils vivent
ailleurs sauf Mbappé, quoique de Monaco!
Pour aimer la France ? Partez,
partez-en et vous comprendrez. Ce n’est pas mieux ailleurs, c’est différent. C’est
différent de parler à un espagnol, de le sentir Andalou ou Valencian avant d’être Espagnol. Pas gênant, le respect du sol, pas de jugement. Il a une identité et
sait la montrer. Pourquoi ne pas faire pareil ? Parce que nos gouvernants
ne gouvernent rien et surtout pas la fierté d’être français. La clarté de pensée peut aider, dans le flou ambiant il ont dû se débrouiller. L'école ne permet plus de s'émanciper, fermée, cadenassée, pas ouverte sur l'avenir.
L'école de football les a aidés à comprendre leur talent. Mais ensuite il faut travailler pour intégrer ou pas les étapes de leur destinée. Les jeunes ont souffert mais le football et leurs éducateurs leur ont offert l'opportunité de grandir et se développer. Ils savent d'où ils viennent et manifestent leur identité. Un succès sans être une loi.
Ces jeunes gens disent qu’à
25 ans ou à peine plus, ils tiennent la baraque à Madrid et pourquoi ne
lui ferait-on pas confiance en France ? Les parents ne font pas confiance
aux enfants. Ils dénigrent leur capacité à inventer leur vie pensant les protéger. Avec eux ils essaient de réparer les conneries que l’on leur a fait subir. Pas le meilleur principe d’éducation
que de mettre sans arrêt le doigt sur ce qui ne va pas…La loi du succès passe par un esprit optimiste et positif.
Découper une équipe en individualités, c’est
mettre la zizanie dans le vestiaire. Les médias font remarquablement cela. Ces
jeunes ont résisté à cette mauvaise habitude simplificatrice. difficile de s'entretenir avec une équipe.
C’est encore une loi de ce succès. Les jeunes
voulaient exister en « équipe ». Pas de soliste, pas d’individualité. Ils ont compris
qu’ensemble ils seraient plus forts s’ils coopéraient; si leur solidarité s’exprimait
ils pourraient étouffer les talents d’en face. Ils l’ont fait, ils
ont été les miroirs des autres équipes qui sont sorties frustrées. Contrés à
plusieurs endroits, leurs leaders harcelés par le nombre, muselés.
Le cadre de jeu et du
management général ont permis aux jeunes gens de prendre leurs responsabilités.
DD a montré du doigt ce qui n’allait pas et les jeunes ont discuté et trouvé la
solution : la leur. Succès de joueur et pas seulement vision de l’entraîneur.
Le jeu est un partage. Il fait appel à une philosophie entre individuel et
collectif. Si les entraîneurs de notre rugby de championnat pouvaient comprendre cela, nous
aurions fait un grand pas pour l’avenir du jeu et du spectacle.
Avec la tranquillité qu’il a
gagnée, DD aura du temps pour être consultant et qui sait faire de la politique.
La France toute entière pourrait retrouver le rang qu’elle a perdu
parce qu'à tout attendre du gouvernement on s’est égaré. On a délégué à nos élus la
responsabilité qui nous incombe de se faire respecter.
Ce succès vient juste à point nous rappeler que la loi du succès existe et qu'il faut travailler pour la trouver. Cette jeune équipe est un exemple à suivre. je reste optimiste, par petites touches on va y arriver!
Michel
Prieu
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