Bonjour à tous,
Des Pyrénées aux Alpes, de France à la
Nouvelle Zélande les vallées ont un cœur fait de poésie et de valeurs. Une
association d’idées qui perdure un peu plus longtemps qu’à la ville toute
proche pourtant, Albertville, l’Olympique pourtant elle ne m’attire pas.
Nous ne le savons pas tous, mais les images
qui circulent dans nos têtes nous sont beaucoup dictées aujourd’hui alors
revenir ici se poser remet à l’endroit la manière de penser. Le rituel, c’est
en premier de garer la voiture, tout se fera à pied. L’idéal serait de couper
aussi les outils de communication. Mais dans le monde d’aujourd’hui ce n’est
plus raisonnable, un fil ténu mais solide nous relie à tout ce qui est notre
vie.
Je vous dirai bien que ce que vous lisez me
relie à vous bien plus que vous ne l’imaginez. Je pense du bien de vous, non
parce que vous me lisez, mais parce que vous existez, vous êtes une partie de
la valeur ajoutée de ce monde insensé.
Arriver dans la vallée au Planay, c’est à
chaque fois ce que je ressens, la vie reprend du sens. Le fait de marcher, de
prendre le temps de regarder tomber la neige, de sourire aux plaintes de ceux
qui trouvent une fois qu’il y en a trop ou pas assez, que c’est de la soupe ou
de la glace, montre combien la vie est difficile.
Le sens, c’est du petit chalet (ou du grand
maintenant) d’ouvrir la fenêtre et d’attendre que le jour se lève. De regarder
chaque détail des lustres et des bois travaillés avec le cœur pour tout
enjoliver. Prendre le temps de regarder les skis anciens posés bien à la vue
pour nous rappeler, combien en si peu de temps le monde a changé.
Le sens c’est de s’équiper pour aller
skier, mettre ses chaussures confortables quand il y a quarante ans ce pouvait
être un supplice que de les porter. S’équiper léger, les doudounes sont moins
épaisses mais matière intelligente bien calorifugées, impossible d’arrêter le
progrès. Conscient tout de même d’acheter des produits des montagnes et pas
fabriqués par des enfants ou des gens qui ne sont pas payés. Je vous ai invité dès
cette année dans ces pages à faire votre révolution, … à votre échelle mais
elle est importante. C’est moins douloureux qu’il n’y paraît, question de
réflexion et de ténacité. En montagne vous vous y connaissez.
Le sens c’est de s’arrêter pour suivre des
yeux les moniteurs de ski avec leurs cohortes de débutants faire des arabesques
sur la page blanche et me demander si quelque chose a changé dans leur manière
d’enseigner. Leur tenue a changé, toujours rouge, couleur du pouvoir et fait
toujours rêver les dames qui ont confié leurs petits et ne bougent pas dans le
froid pour tout surveiller et s’émerveiller des progrès de leurs petits.
Il faut dire qu’ils ont un secret. Mine de
rien pour les débutants Le Planay c’est compliqué passer de la piste verte au
télésiège de Piapolay bien des dimensions peuvent changer. Les petits ont
commencé lundi et ce jeudi les voilà dispersés sur les pentes de Grande Combe
ou à dévaler vers les Combettes. En fin de journée une belle randonnée, mais
les mêmes attitudes sur les skis selon que l’on est plus ou moins doué, non
plus ou moins peur. Il faut se rappeler combien cela fut dur de mettre la tête
dans la pente pour tourner avec plus de facilité.
Le sens encore c’est de partir marcher au
milieu des chalets pour voir comment le bois en a été ciselé. Comme si les
habitants voulaient montrer que dans sa dureté la montagne vous donne des
valeurs d’esthétique pour ressembler aux lignes dessinées par les sommets.
Regarder comment un écusson de la région a été interprété par un artiste ignoré
mais qui dit exactement la joie d’habiter cet endroit. Plus loin, on dirait
qu’il ne fait pas froid parce que le bois bien rangé ne semble pas bouger,
d’ailleurs la cheminée ne fume pas.
Encore quelques pas pour trouver le départ
des grimpeurs qui doivent eux aussi avoir un cœur énorme pour monter à la
vitesse d’un train à vapeur. C’est un régal pour les yeux de les voir, pas à
pas monter en zigzag comme je le faisais. En fait, j’ai renoncé, j’ai peur de
voir éclater mon cœur, je me suis raisonné, je crois n’être pas le seul. Je
suis admiratif de les regarder s’échiner avec un point de mire le dossard de la
Pierra Menta au début du printemps.
Pour courir, il faut s’entraîner le cœur
mais surtout rechercher son âme, c’est elle qui vous rapproche des sommets. Qui
fait le lien entre le physique et le mental, qui dans les moments d’épuisement
va chercher au fond de soi les ressources pour lever le pied encore et encore
quand sous la fatigue la machine s’est enraillée. Je me souviens bien que c’est
un jour par moins trente degrés que si près d’un sommet, j’ai bien cru ne
pouvoir y arriver. Atteindre sa limite voilà qui a une valeur, un instant de
conscience pour comprendre qui l’on est vraiment. Au pays de Frison-Roche tout
cela prend du sens, juste au moment où je réalise que c’est la petite fille de
Norbert Casteret qui corrige mon dernier manuscrit. La vie a du sens, elle sait
lier des amitiés trop souvent nous l’avons oublié.
Sans se retourner continuer de grimper ;
après tous ces jours de neige la pluie est tombée. Ses larmes ont creusé des
rides sur les pâturages désertés. Le soleil souligne les ondulations qui
n’invitent plus à admirer le manteau lisse et blanc mais renvoie au passé. Aux
rides qui soulignent les visages burinés des gens de la vallée. Un bonjour, un
sourire suffit à les dérider, écouter puis ouvrir un bout de conversation. Tout
de suite ou presque ils vous parlent de leurs craintes, au fond de la vallée
ils n’imaginent pas le monde tel qu’il est. C’est plus feutré, peut-être
filtré.
Je prends un malin plaisir à leur dire
qu’ils sont privilégiés. Vivre à la campagne loin du bruit des cités est un
privilège qu’ils devraient se rappeler. Voir des hameaux regroupés où toute une
famille est encore lovée, c’est insensé. Partout les tribus existaient mais ont
été disséminées, ici petit à petit même avec quelques départs, elles restent
constituées. Son voisin très souvent, si ce n’est son frère c’est un cousin. Je
veux bien croire connaissant ma famille que ce n’est pas toujours simple mais
je vois avec plaisir que les chalets sont coquets, un signe de prospérité.
J’espère que cela va durer, la vie a du sens dans cette vallée.
La montagne le sait, elle sculpte le
caractère des hommes. Elle leur donne des sobriquets pour quand on les nomme ne
pas se tromper. Dans mes Pyrénées, mon père est né « bedel » comme
aider dans la langue de la petite vallée fermée, ce fut sa destinée. Je sens
qu’ici en écoutant les uns et les autres il en va de même. Au fur et à mesure
que je monte je ne peux que constater que tous savent travailler. Chaque chalet
en dit un bout, aucun n’est pareil, illustrant l’unicité et la singularité de
celui qui l’a fait.
Cette poésie calme et parfois agitée quand
le vent souffle fort sur les sommets, cache des caractères qui rehaussent la
vie de ce coin de montagne. Ce terme à mes yeux mélange des valeurs ancestrales
comme elle favorise la pratique de tous les skis et même de la luge. Montagne
s’associe avec plusieurs valeurs fondamentales qu’il ne faut pas galvauder. Le
monde change mais justement ici pour avancer, il y a parfois des obstacles
lourds et longs à déplacer. La valeur travail est la première sur laquelle je
veux insister. Il se voit partout et je sais qu’il est toujours dur à exécuter.
Dès qu’il neige, il faut préparer la route
et les pistes pour accueillir le mieux possible les touristes et ne pas les
laisser prisonniers. Le ballet des engins commence tôt et fini tard. Les
équipements souffrent dans le froid, les réchauffer, les bichonner pour les
solliciter le matin arrivé. Sacrés travaux tout au long de l’année et à y
regarder de près constater que tous les techniciens sont de la vallée. Ils sont
inquiets, voient arriver un nouveau projet pour lequel ils n’ont pas été
consultés. L’histoire de la vallée leur rappelle que dans le passé, ils se sont
déjà trompés. Ils sentent les limites de leur destinée. Pourtant il faut
avancer, trouver des idées pour malgré tout progresser. Petit à petit ils
comprennent qu’ils doivent s’en charger.
Une autre valeur de la vallée c’est la
responsabilité. La conscience que le site offre peu de champ pour évoluer des
projets ont avorté ou ont été oubliés faute de réflexion ou de volonté. Les plans
à long termes mort-nés. Pour vivre encore demain en sécurité il ne faut pas se
tromper. Conscience enfin que chacun est impliqué pour apporter ses idées et
qu’il ne doit en aucun cas se désintéresser de ce qui se trame autour de lui.
A la ville on a tôt fait d’oublier sa
responsabilité mais la vallée est étroite et les possibilités de s’étendre sont
minimes. Le jeu d’avenir est compliqué, très spécifique pour développer
l’activité. La vallée a des atouts par son esprit montagne, c’est sa
singularité. C’est autour de cette
vérité qu’il faut trouver une cohérence à tous les projets. Attirer les
touristes est de plus en plus compliqué. Partout ils sont gâtés veulent tout
mais ne rien payer. Souvent ils ont oublié leur responsabilité et prétendent
que vous êtes là pour les choyer, alors qu’ils ne font rien pour se faire
accepter.
Un touriste ne fait pas d’effort, il a des
droits et ne sait pas quels sont ses devoirs. La ville leur a fait oublier la
valeur de ce mot. Pourtant la poésie de l’endroit devrait l’y entraîner, il
mettra quelques jours à comprendre où il est. Un chalet sait vous le rappeler.
Un ensemble immobilier avec un groupe de vacanciers apporte de l’argent un
temps certainement, mais il mine aussi l’esprit de ce qui fait la richesse d’un
pays, mes voyages me l’ont appris. Je vais chez l’habitant, un cœur qui bat pas
toujours pour l’argent.
Evoluer a de la valeur, pour ne pas stagner
il faut se projeter, mais pas trop loin de ce qui est le cœur de la vallée, la
valeur de son identité. C’est cela qui apportera le succès et qu’il faut mettre
en avant pour intéresser le mot fort du moment : le marché !
A suivre…
Michel
Prieu
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