Je viens de passer une belle journée à
découvrir …, Melbourne et voilà que je prends des nouvelles de France…Notre
équipe de rugby a perdu contre l’Ecosse. Je n’ai pas voulu répondre sur le blog
de Richard Escot, il a ses spécialistes…
Je n’ai pas vu le match.
A la lecture des commentaires, il semble que je n’ai rien à regretter. Je constate
n’avoir vu, nulle part dans les comptes rendus, un éloge du gagnant. Je note seulement
que dans un précédent voyage en Ecosse, en 2015, j’avais écrit qu’il faudrait
faire attention, cette équipe progresse. Elle a choisi un coach, Vern Cotter,
un pugnace, un homme qui aime l’argent sans doute, mais qui structure un
projet, une équipe et a eu des résultats en Auvergne bien meilleurs que
d’autres avant lui. Pas seulement par l’argent, par son programme et ses
exigences face au travail à réaliser par ses joueurs. Il en a certainement
transformé le « terroir » du jeu initial de cette équipe.
J’entrevois que les 100
jours de grâce de la prise de responsabilité de Guy Novès se terminent, une défaite
samedi à Paris contre les Anglais et l’hallali va commencer, le harcèlement de
la presse va faire son œuvre. Beaucoup étaient pour l’arrivée du manager
toulousain aux commandes de l’équipe. Novès, j’ai dit de lui ce que j’en
pensais dans ce même blog au constat remarquable de son œuvre et je lui
garderai ma confiance.
Je considère que sur la
durée, avec les joueurs qu’il a choisis, il aurait une chance de réussir à
bâtir une équipe respectable par tous. Mais il va devoir faire avec l’histoire de
notre rugby, de notre pays, avec le cadre de fédéral qui est le sien, les fourches
caudines de la LNR. Et c’est là que le travail va devenir dur…Le système est là
et il pèse. Lourd, lourdaud, trop lourd ! Je pense que l’éducation au
rugby n’est pas faite correctement, comme l’éducation ou la santé…Le problème
est donc général de mon point de vue…dans l’industrie , c’est identique !
Les commentaires du blog
de Richard Escot font encore appel à l’ancienne époque, celle ou le rugby était
sensation et non stratégie. Le « french flair » est à la dérive
depuis des années, il n’existe plus que chez LVMH, Pinault ou Bolloré. Comme
par hasard leaders mondiaux, mais il n’y a pas de hasard. Ce n’est pas une
boutade, notre pays régresse dans presque tous les domaines, pourquoi serait-il
à la pointe du progrès en rugby ?
J’ai dans un coin de la
tête des interrogations. Je pense à Cheika, je pense à Ledesma, qui sont partis
de France il y a peu, pour entrer dans des staffs qui ont été parmi les
meilleures équipes du dernier Championnat du Monde. Cela ne vous pose pas
question à vous ?
Prenons d’autres
exemples. Je lisais, il y a moins d’une semaine de la part de M. Le Graët, que
l’objectif du foot français est de gagner l’Euro. J’ai une grande confiance en
Didier Deschamps, pour une fois que l’on a un gagnant aux manettes,
profitons-en. Mais c’est de l’outrecuidance pure de la part du Président
d’afficher ainsi son envie. C’est une affirmation sans fondement. Il a mis un
programme en place pour que son projet se passe le mieux possible mais une
telle affirmation devrait rester dans le secret du vestiaire entre lui et son
équipe de management. L’affaire Benzema-Valbuena, va lui pourrir la vie dans la
mesure où les journalistes s’en sont emparés pour faire le buzz. Au lieu de
faire leur travail, trouver des idées et des actions efficaces pour s’occuper
du cas de leurs électeurs, plutôt dans le pétrin, les politiques s’en mêlent…Il
va y avoir de l’ambiance au moment de la sélection à la Fédération, sans
compter les rumeurs préalables. Notre équipe est convalescente, se redresse
mais notre Ligue1 est à la ramasse, QATAR-PSG mis à part. Le pilote est
étranger : est-ce cela la réussite ? Le surnom de Laurent Blanc était
bien « Président » ? Oui, pas de hasard !
Le tennis : Noah
revient. Il a l’aura d’un gagnant ce Monsieur, j’en suis respectueux. Il bat le
Canada avec ses quatre mousquetaires qui ont pourri la vie de leur précédent capitaine,
viré d’une manière peu conventionnelle par le Président Gachassin, ancien
joueur de rugby. Le journal l’Equipe nous fait 12 jours d’articles sur les
sujets, 5 spéciales sur le capitaine. Face à une équipe Canadienne décimée, heureusement
que les Français ont gagné ! Je pense (en aparté) que les 4 joueurs, ont
appris plein de choses pour être meilleurs quand ils seront sur le circuit. Je
pense que Yannick Noah sait ce que lui a coûté sa victoire de 1983. Le travail
et les efforts accomplis à ce moment-là ne s’effacent pas comme cela. Mon
sentiment profond est que pas un des joueurs actuels n’a le potentiel de gagner
un Grand Chelem (tout en espérant me tromper, je suis français aussi). Pas
un ! Pas assez de ressources, pas assez de travail, pas assez d’efforts
psychologiques…Tout n’est pas de leur ressort. Quid des modes
d’alimentation ? Quid des soins et …des compléments alimentaires ?
Que font les autres pays pendant ce temps ? Sharapova ? J’espère
vraiment qu’elle sera punie, comme tous ceux qui seront pris en faute.
J’ai joué au rugby en
même temps que j’accomplissais mes études, à Toulouse. Epoque révolue où nous
sommes passés d’un à trois entraînements par semaine, plus le match du
dimanche. J’avais du mal à suivre les cours et les entraînements, j’ai
poursuivi mes études et j’ai pris du plaisir au rugby. Plus tard au tennis,
j’ai vu travailler Georges Deniau et j’ai suivi son enseignement. A Flaine, en
une semaine, même préparé, j’ai laissé 5 kg sur la balance en mangeant comme un
ogre. Il me souvient que pour récupérer de la séance du matin, avant de
déjeuner, je prenais un bain à 45°C dans la baignoire de ma chambre.
J’ai vu à Nîmes les
entraînements « Coupe Davis » avec l’équipe du coach aux yeux bleus
qui vous transperçaient. J’ai vu Mac Namara, l’australien beau gosse et
hargneux, et Gilles Moretton, le lyonnais, vomir sous les efforts demandés par
les entraîneurs…Comment les athlètes peuvent-ils encaisser les charges de
travail d’aujourd’hui ?
Basket, Hand,
volley… ? Pas tout à fait la même musique. Avez-vous vu la passion de gens
comme Parker, Diot, Fernandez, Karabatic, Omeyer, leurs entraîneurs, Collet,
Constantini, Onesta, N’Gapeh, la tribu Tillie…Cela peut vous bouger des
montagnes pour gagner des titres, mais en plus de la passion, quelle méthode,
quelle stratégie, quels efforts, quel… travail, énorme travail individuel et
collectif. Qui en parle, qui prend exemple ? Pas le rugby.
D’actualité, cette perle
de Martin Fourcade ou Marie Dorin ? Des athlètes doués, je n’en doute pas
un seul instant. Biathlon : course épuisante à ski et concentration
maximum sur 20 balles au pas de tir. Une merveille d’horlogerie humaine pour un
tel exploit. Un mental de fer et une passion sans borne. Qui met en avant leur
travail et celui de leur encadrement ? Professionnel de professionnel,
respect pour tous…
En France, mieux vaut ne
pas parler de travail.
Les dirigeants pour la
plupart sont des gens bien. Mais dans une Fédération et dans un gouvernement,
pour conquérir le monde d’aujourd’hui, cela ne suffit pas. Nous avons de beaux
exemples de redressement, en natation, athlétisme… Nous avons des constantes,
en équitation, en judo, qui se pose la question de savoir comment cela se passe
pour sortir des champions ? Un énorme travail, des heures de travail de
fond, des structures, un environnement, une éducation, des projets bâtis et
peaufinés avec une foi et une pugnacité de chaque instant.
Il n’y a que dans les
fédérations et dans les assemblées d’élus que l’on ne parle pas du
« Principe de Peter ». Nous sommes trop souvent menés par des gens
qui ont de l’expérience mais de nos jours, c’est insuffisant. Regardez l’âge
moyen de nos institutions. Ceux qui se débattent sur l’âge de la retraite, des
élus de plus de 70 ans !...
Je crois que le rugby est
le résultat de ce qui précède. Monsieur Lapasset s’est battu pour faire que le
rugby à 7 entre aux Jeux Olympiques de 2016. Quel camouflet pour lui de voir
l’état de notre équipe de France à ce jeu qui devient pour le coup
universel ! « La France est en retard » nous dit Abendanon, (il
est plutôt à son avantage dans le Top 14). Ce n’est rien de le dire que nous ne
sommes pas à l’heure. Mais pour cela il faut anticiper, prévoir, planifier
peut-être…On va chercher des poux dans la tête d’un Michalak, Ibanez, Chabal…
Qu’ont-ils fait de mal ? Ils sont partis ailleurs montrer leur talent et
montrer l’exemple. Ils y ont fait leur trou et ont été appréciés. Qui réfléchit
à cela pour en tirer quelques leçons d’éducation, inverser une
tendance peu favorable à nos intentions ? nos jeunes sont bons et passé 20 ans,
ils deviennent moyens ? Où est l’erreur ? J’ai le même sentiment avec
les jeunes ingénieurs que je recrutais encore en 2005 et je crois que cela s’est
dégradé depuis…
Un petit garçon de mes
voisins, âgé de 10 ans, possède quelques qualités physiques et, ce qui ne gâte
rien, intellectuelles. Il adore tous les sports mais surtout le rugby. Après
deux ans d’école de rugby, son père, avisé l’a changé de sport : pas de
structure éducative suffisante, juste la bonne volonté. Il joue au hand, avec
un professeur de gym, ancien joueur lui-même, pédagogue averti. Le gamin y est
plus heureux !
En sport de haut niveau,
l’amateurisme n’a pas sa place. Les fédérations qui ont peu de résultats sont
gérées par des amateurs et cela se voit. La déroute face aux All Blacks n’a
débouché sur rien, à moins que ce ne soit une commission de réflexion. Les élus
de la Fédération Anglaise ont viré ceux qui avaient mal engagé leur Championnat
du monde… La Fédération est en campagne électorale ? Guy Novès n’est pas à la fête pour bâtir sur
le long terme avec son staff.
Nos ministres élucubrent
sur Benzema, alors que Cameron se bat pour trouver un moyen de plus, de se
servir de l’Europe à sa manière. Nous engageons une nième réforme de l’école qui
va tuer définitivement notre identité française. Nous n’avons toujours rien en
termes de programme pour savoir ce que sera demain. Nous sommes en campagne
électorale depuis la fin de la première année du quinquennat de notre Président
actuel…Personne ne travaille pour essayer de sortir le pays du marasme ;
les jeunes sont sans espoir et les vieux n’en ont plus. Comment faire avancer
une Nation quand on ne sait pas qu’elle existe ? On parle, on analyse et
personne ne demande des comptes ou exige des actes.
Tant que nos dirigeants,
donc nous-mêmes, resteront incapables de comprendre que tout ce qui nous arrive
est entièrement de notre faute (et rien que de notre faute), nous ne trouverons
aucune réponse à nos problèmes. Nous avons peur d’agir, peur de nous tromper,
peur…
Agir, c’est travailler. Gagner,
c’est vouloir et faire tout le travail : technique, physique et mental qui
y conduit. Mais l’adversaire est là pour nous contester la victoire…
La victoire est
versatile. Le gagnant est celui qui a fait le chemin, juste pour apercevoir les
lauriers dans les mains du vainqueur, s’en réjouir... ou pleurer.
Michel
Prieu
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