J’ai
reproduit et organisé ci-dessous un article de la revue numérique ATLANTICO du
15 Octobre 2016.
Elle
me paraît suffisamment claire pour ne rien y ajouter personnellement, sauf à
regretter que les politiciens de droite et de gauche ne traite pas ce sujet
épineux avec le sérieux qu’il conviendrait de manifester…
Je
crois cependant qu’il y va de l’indépendance de la France dans le monde
d’aujourd’hui et encore plus celui de demain d'expliquer clairement les enjeux de notre politique générale.
« Atlantico : Votre
dernier livre, Le moment est venu de dire ce que j'ai vu paru en septembre 2015
constituait un témoignage sur la manière dont la classe politique abordait la
question de l'islam, que vous présentiez déjà comme un courant conquérant. Dans
Les cloches sonneront-elles encore demain ? paru cette semaine, vous abordez
les mêmes sujets. Quelle est la logique de cette série, et quel constat
faîtes-vous avec ce nouveau volet ?
Philippe de Villiers :
Mon précédent livre était un témoignage sur mon expérience, mes rencontres,
c'était un livre de leçons sur le passé. Celui-là est un livre sur l'avenir. Ce
qui a entraîné ma plume est le constat suivant : la France a connu, dans son
histoire, bien des malheurs -les grandes invasions barbares, la guerre de cent
ans, l'occupation allemande-, mais elle s'est toujours relevée. Elle garde de
toutes les épreuves traversée une mémoire douloureuse mais victorieuse. Pour la
première fois de son Histoire, elle doit affronter la crainte de disparaître.
C'est ce constat qui m'a amené à écrire ce livre. C'est un cri d'alarme, je
sonne le tocsin ; et c'est un chant d'amour, un hymne à la France. Si on ne
trouve pas une figure métaphorique qui nous serve de fédérateur, de roman
national, la France risque de disparaître.
Selon une étude de
l'institut Montaigne, 28% des musulmans estiment que la charia est plus
importante que la République. Ne peut-on pas s'appuyer sur les 72% de musulmans
qui pensent le contraire pour intégrer l'islam en France ?
Non, hélas, les 72 % ne
pensent pas le contraire. J'ai lu attentivement le document de l'institut
Montaigne. Il est terrifiant car il faut ajouter aux 28% de musulmans "en
rupture avec la société française", et qui, effectivement, placent la loi
islamique au-dessus des lois de la République, 25% de musulmans qui préconisent
"l’islamic pride". Plus grave encore, dans ce document, on apprend
que la majorité des jeunes musulmans consultés est en sécession avec la France.
Encore plus alarmant, 80% des musulmans se disent attachés au Halal qui est le
principal marqueur identitaire de l'islam, le refus de la sécularisation. Ce
document, d’apparence bénigne, qui repose sur un sondage de l'Ifop, doit nous
mettre en alerte.
En réalité, notre classe
politique a commis deux erreurs majeures de vision. La première a conduit nos
dirigeants successifs à démanteler les frontières nationales, erreur constatée
déjà par Pierre Joxe auprès de François Mitterrand, lorsqu'il déclarait que
"c'est une folie de mettre notre frontière au Pirée", une plainte
prémonitoire du ministre de l'époque. Et on a bien vu après les attaques du
Bataclan que les terroristes ont profité de l'absence des frontières nationales
pour faire des allers et retours entre les différentes nations et se glisser
parmi les migrants jusqu'au stade de France. Deuxième erreur : ils ont
sciemment installé au cœur de notre nation une autre nation, la super-nation
islamique. Ils ont organisé sur la terre de France, le face à face de deux
peuples : un peuple neuf qui s’installe avec ses fiertés, avec l'intention de
vivre suivant les règles de sa religion, ses mœurs, son mode de vie, qui entend
honorer des idéaux et des héros qui ne sont pas les nôtres ; et en face de lui,
un peuple exténué, hagard, qui ne sait plus où il habite.
Qu'est-ce donc qu'une
civilisation ? C'est une manière d'habiter le monde. Quand on met face à face,
une société et une contre-société, une mémoire et une contre-mémoire, une
histoire et une contre-Histoire, on crée les conditions d'une guerre civile.
C'est la raison pour laquelle j'ai ajouté à mon cri d'alarme qui demande
l'arrêt de la construction de nouvelles mosquées, une autre demande, celle
d'imposer la France en France. Mais à ce cri d'alarme j'ai ajouté un chant
d'amour, car sans ciment fédérateur, il sera impossible d'agréger ceux qui
veulent devenir français, qu'il s'agisse des Français de souche qui ne savent
plus rien de leur Histoire, ou des Français de désir qui ne connaissent pas les
bienfaits virtuels de nos trésors culturels. Aujourd'hui, l'École fabrique des
indignés alors qu'elle devrait fabriquer des héritiers.
Selon vous, les stratèges
de l'islam, pour "envahir la France", comptent profiter de trois
phénomènes : "une communauté musulmane grandissante, un affaiblissement
des États par l'intégration européenne, et l'extrême sensibilité des dirigeants
européens au chantage à l'islamophobie". Vous décrivez aussi une apathie,
un aveuglement des médias et du personnel politique sur cette question.
Pourtant, depuis les attentats de 2015, la France ne s'est sans doute jamais
autant posé la question de la place de l'islam en France et de son intégration.
Ne trouvez-vous pas que le débat s'est justement débloqué ?
Il s’est débloqué dans le
peuple, pas chez les élites qui continuent à communier aux deux espèces de «
l’Accueil de l’Autre » et du « Vivre Ensemble ». Notre classe politique, qui
n'a jamais lu le Coran, ne comprend toujours pas la situation d'extrême gravité
dans laquelle se trouve notre pays. Elle ne comprend pas que l’islam n’est pas
adaptable, réformable, que c’est un système global, politico-religieux. Je
révèle dans mon livre comment et pourquoi les élites françaises, depuis 40 ans,
ont livré le pays à l'islam. Ils ont suivi le plan secret des Nations-Unies, et
un autre plan, de moins en moins secret, élaboré par l'Union européenne. Ce
plan se nomme lui-même "La migration de remplacement". Le plan
européen, lui, s'appelle "l'Eurislam". Depuis 40 ans, la France et
l'Europe acceptent et sollicitent une migration de remplacement, c’est-à-dire
un changement de peuplement au nom de la « mondialisation heureuse ». Or il se
trouve que le plan des élites qui réclame une migration chaque jour plus
nombreuse, rencontre en même temps les objectifs du plan secret des Frères
musulmans dont j'ai pu me procurer les documents explicatifs, et qui se nomme
le « Tamkine ». Ce plan du wahhabisme vise à l’« islamisation tranquille » de
l’Europe, jusqu’au Califat. Il est à l’œuvre.
J'ai été très marqué par
la phrase de Youssouf al Qaradawi qui nous a averti de manière solennelle :
"avec vos lois démocratiques, nous vous coloniserons. Avec nos lois
coraniques, nous vous soumettrons". En d'autres termes, nous sommes devant
un phénomène de conquête, une colonisation déjà visible à l’œil nu : plusieurs
parcelles du territoire national et leurs habitants ont déjà fait sécession.
D'ailleurs, j'ai été stupéfait de découvrir dans le livre d'entretien de
François Hollande qu'il est désormais conscient du « danger de partition ».
C'est dire que la situation est grave. Or notre classe politique est achetée.
Elle est l'alliée des semenciers du djihad. Et nous sommes devenus des
fabricants de terreau terroriste qui cherchent le bon désherbant.
Notre allégeance aux
monarchies du Golfe, à l’Arabie saoudite et au Qatar a fait de nous les
esclaves de nos clients. Ils nous tiennent chez eux, car nous appliquons leur
politique étrangère, et ils nous tiennent chez nous, car l'Arabie saoudite
contrôle, soutient, finance et installe chez nous les salafistes. Le Qatar, de
son côté, contrôle et installe chez nous les Frères musulmans. Nous sommes
impuissants chez eux, nous faisons ce qu'ils nous demandent de faire. C'est par
exemple le satellite français Eutelsat qui assure la diffusion de six chaînes
islamistes au Moyen-Orient malgré la supplication des Chrétiens d'Orient. Et
nous sommes nous-même dans une situation de dhimmitude dans les quartiers
sensibles, contrôlés par l'Arabie saoudite et le Qatar, car toutes les
nouvelles mosquées sont financées par eux, les imams dépendent à 80% de pays
étrangers, et la halalisation de la France est surveillée par les monarchies du
Golfe.
L'islam de France, dont
parlait Nicolas Sarkozy, s'est réalisé non pas par une autonomisation de
l'islam en France mais par une soumission de l'islam aux Frères musulmans et
plus récemment, aux salafistes. C'est une faillite totale.
On a pu voir quand même
certaines réactions très concrètes depuis les attentats, comme avec la
Fondation pour l'islam de France, et une volonté pour réglementer le
financement de la construction des mosquées, ou encore la formation des imams.
Est-ce que ce sont de bonnes solutions ?
Je connais bien
Jean-Pierre Chevènement et j'ai de l'estime pour lui. Mais je pense qu'il se
trompe. Pourtant, déjà, à l’époque où il était ministre de l’Intérieur, il a
tenté d'obtenir du CFCM un accord pour inscrire dans une charte la « liberté de
changer de religion ». Hélas cet accord a échoué car la communauté musulmane
n'a pas accepté cette concession sur « l’apostasie », condamnée à mort par la
Sunna. Cela illustre de manière éloquente le fait que la « Fondation pour
l'islam de France » est un moyen détourné, au nom d'un contrôle illusoire, de
développer l'islam en France, pour acheter la paix : nos élites croient que,
pour soigner et guérir l’islamisme, il faut encore plus d’islam. Elles ne
conçoivent pas qu’entre l’islam et l’islamisme, il y a une différence de degré
et non pas de nature. Un islamiste est un musulman pressé.
Pour reprendre
l'expression de Jean-Pierre Chevènement, le "tripode" islamique va
donner à l'islam les moyens d'accélérer la construction des mosquées. Les
pouvoirs publics sont en train de concocter une redevance sur les ventes de
produits Hallal et les abattements rituels, ce qui donnera des moyens
considérables pour la construction des mosquées. Ainsi donc, une parafiscalité
est mise en œuvre au service d'une religion, par une dérogation incroyable au
principe de la laïcité.
Il existe une taxe
similaire qui permet de financer le culte israélite…
Certes, mais la question
pour les juifs ne se pose pas. Le judéo-christianisme est imprégné du même
héritage gréco-latin, le judaïsme est le prolongement d'une culture cousine
germaine de la culture chrétienne. D’ailleurs le Verset du Sabre s’applique aux
« Associateurs », c’est-à-dire aux juifs et aux chrétiens.
Pour l'islam, les
prescriptions coraniques et l'obligation d'imiter Mahomet impliquent trois
impératifs incompatibles avec notre civilisation : le premier, c'est le djihad.
Celui-ci peut être guerrier, démographique (l'enfantement, c'est le djihad des
femmes) ou civilisationnel. Partout, on nous teste, pour voir si nous reculons
: on nous teste dans la rue, avec la burka, non verbalisée, dans les hôpitaux,
les abattoirs, sur nos plages avec les burkinis, avec l'implantation de
mosquées salafistes... Tout cela a pour objectif de gagner des pouces de
terrain. Le Conseil d’État est l’allié de ce djihad juridique et les Droits de
l’homme en sont le cheval de Troie, avec le principe de non-discrimination.
Quand nous reculons, ils avancent, mais si nous étions fermes, ils reculeraient,
par application du verset de la Taqiya.
La deuxième
incompatibilité est « l'oumma », la communauté des croyants, considérée par
l’islam mondial comme supérieure à toute autre communauté. Un jour, le roi du
Maroc Hassan II m'a expliqué pourquoi jamais les Marocains n'accepteront d'être
de vrais Français : selon lui, ils sont avant tout musulmans, appartiennent à
l'oumma qui est une sorte de super-nation, une nation islamique. Pas d’autre
fraternité que l'oumma ne vaut dans le cœur d'un musulman qui suit les
prescriptions coraniques.
Enfin, le plus grave : la
charia, c’est-à-dire le refus de toute distinction entre le temporel et le
spirituel, entre le normatif et le religieux. La charia, cela veut dire qu'il y
a entre l'islam et notre civilisation, trois inégalités fondamentales : le
non-musulman est pour le mieux un dhimmi, seul le musulman a des droits
civiques, le dhimmi est un citoyen de statut inférieur. Il y a aussi une
inégalité entre l'homme et la femme, laquelle ne vaut que la moitié d'un homme.
Deux versets qui le rappellent sont terribles, le verset 2-223 commande : « Vos
épouses sont pour vous un champ de labour. Allez à votre champ comme vous le
voulez ». Et le verset 4-34 commande : "Si elles désobéissent,
frappez-les", ce qui est contraire à nos valeurs. Enfin, l'esclavage, qui
y est recommandé. Dans le verset 71 de la sourate 16 est écrit : "Allah a
favorisé les uns d'entre vous par rapport aux autres dans la répartition de ses
dons. Ceux qui ont été favorisés ne doivent pas donner leur portion à ceux
qu'ils possèdent de plein droit (les esclaves) au point qu'ils y deviennent
associés à part égale". La charia est la loi divine, elle suppose que la
loi est déjà faite, qu'elle a été dictée aux hommes une fois pour toutes par la
voix du prophète Mahomet. Alors qu'au sein de la République, la représentation
nationale édicte la loi, dans l'islam, la République ne peut faire que
l'appliquer.
Est-ce que cela
impliquerait que les musulmans abandonnent leur religion ?
Il convient de distinguer
l’islam et les hommes. Entre le Coran et la France, il faut choisir. Le Coran
est incompatible avec la civilisation française, mais il y a beaucoup de
musulmans qui peuvent rejeter ce qui, dans le Coran, apparaît en rupture avec
la civilisation française, comme la place de la femme ou l'indistinction entre
temporel et spirituel. Je souligne au passage que ceux qui proposent aux
musulmans la société de l'hédonisme, du nihilisme, du matérialisme et du
consumérisme sans oublier le laïcisme aigu, c’est-à-dire la société sous vide,
n'ont aucune chance de les faire venir à eux. Au contraire, une société qui
cultive l'enracinement, les valeurs du sacré, de la famille, une société qui
fait prévaloir les mœurs sur les lois, est une société qui peut intégrer et
assimiler plus facilement les musulmans car - et j’en ai une expérience
personnelle - ces choses-là leur parlent. En d'autres termes, le choix est
simple : ou nous entretenons une laïcité qui s'accorde avec nos traditions -
qui autorisent les crèches dans les lieux publics par exemple - et la
civilisation française pourra survivre et assimiler, avec des musulmans qui
nous regarderont avec estime, ou bien nous choisissons la laïcité du vide au
nom d'une neutralité hors sol, et le vide sera rempli par les islamistes parce
que la nature a horreur du vide.
Qu'est-ce que vous répondez à ceux qui pensent que vous jetez de l'huile sur le feu ?
Je pense que c'est
exactement l'inverse. Ce sont ceux-là mêmes qui contournent la difficulté par
lâcheté, qui favorisent les ferments d'une guerre civile. C'est en disant les
choses, en nommant l'adversaire, en formulant un diagnostic avec le courage de
la vérité, que l'on peut éviter le pire. Ceux qui profèrent des insinuations
douteuses sur les lanceurs d’alerte sont ceux-là même qui ont installé l'islam
en France, qui se comportent comme des dhimmis, des compagnons de route de
l'islamisation, et qui sont en train d'introduire les germes de la guerre civile.
Mon livre est un livre
d'enquête, d'analyse, et de proposition. C'est un livre positif puisqu'il
contient le diagnostic selon lequel l'islamisation nous précipite à l'abîme, et
la réponse qui tient à l’exaltation si nécessaire de notre patrimoine vital.
Car une nation est un lien amoureux, il faut refaire un peuple amoureux. Pour
cela, il faut distinguer l'islam et les musulmans. Afficher la fermeté sur
l'islam en affirmant que la France est en France et qu'en France, il n'y a pas
de burka, pas de djellaba ni de minaret. Il ne faut pas céder un pouce de
terrain sur notre art de vivre. Car, s’il y a des musulmans modérés, il n’y a
pas d’islam modéré. La France n’a pas vocation à devenir « la fille aînée de
l’islam ». Il faut avoir le courage d’attirer les musulmans vers nous, pour
tous ceux qui le veulent, pour ceux qui ont envie de nous ressembler. Il y a
des musulmans qui ne connaissent pas la France, et qui, s'ils la connaissaient,
succomberaient à la tentation de l'aimer, qui sont au fond d'eux-mêmes des
Français de désir. Aujourd'hui, il faut leur dire : rejoignez-nous, c’est un
arrachement qui vaut la peine, ne soyez pas seulement des Français de
préfecture, faites descendre dans vos cœurs l'amour de la France. Mais cela
suppose que l'on recrée un liant, un lien. On ne peut pas proposer seulement
les valeurs de la République, qui sont un code de bonne conduite, un code de la
route. On n’a jamais vu un automobiliste tomber amoureux d’un stop. Il faut
aller au-delà, proposer nos épopées, nos rêves, la prosopopée de nos héros,
aller à l’intime de la France. On ne pourra répondre à la demande des musulmans
qui veulent devenir français que par l'embrasement de l'imaginaire. Une nation,
c’est quand on rêve ensemble, pour parler ensemble. L’ancien roman national est
mort. On en a fait un tissu de noirceurs, un roman noir. Il faut donc inventer
un nouveau roman national qui ne soit pas un récit de puissance, de grandeur,
de gloire, qui n’est plus d’actualité, hélas. Il faut un nouveau roman national
qui passe par l’autre façade, celle de l’esthétique, qui passe par le Beau -
Dostoïevski disait "c'est le beau qui sauvera la France". Il faut
inventer un nouveau roman national qui soit un roman d'amour, pour que chaque
petit Français de souche ou de désir puisse partir dans la vie avec un bagage
imaginaire qui habille ses rêves.
Après plusieurs décennies
où des libertés ont été accordées aux nouveaux arrivants, où le projet
d'assimilation a été abandonné, est-il raisonnablement envisageable de vouloir
un retour en arrière ? Quel pourrait en être le prix ?
Je pense exactement
l'inverse. Que l’« assimilation », c’est le seul avenir possible. Le
multiculturalisme n'a jamais porté la paix mais la guerre civile. Comme la nuée
porte l’orage. Je vais vous raconter une anecdote. Quand j'étais étudiant à
Sciences Po, en 1973, nos professeurs nous faisaient rêver du Liban,
multiculturel, « cette terre de miel et d'encens ». Ces professeurs nous
disaient qu'une société multiculturelle est multi-pacifique, que la société
libanaise était l'avenir de l'Europe, que la juxtaposition des communautés
était l'avenir du monde. L'idée en filigrane était qu'en faisant vivre côte à
côte des civilisations différentes, on allait les enrichir mutuellement. Or on
le voit aujourd'hui, et on le constatera certainement encore plus demain, les
nations multiethniques ne survivent que quand elles sont uni-culturelles.
Jacques Bainville disait "La France est plus qu'une race, c'est une
nation", et la Martinique a été française avant la Corse.
Une société
multiculturelle devient très vite une société multi-conflictuelle et multi-déculturée.
Quand vous mettez côte à côte des communautés qui se déracinent elles-mêmes, la
coexistence des déracinés produit l'amnésie et la barbarie. Or, que
constatons-nous en France ? Il y a des centaines de morceaux de France où la
France n'existe plus, qui sont aujourd'hui occupés, colonisés par des groupes
identitaires qui ne relèvent plus de notre civilisation et qui interdisent à la
France d’y pénétrer. Le drame de Viry-Chatillon est à cet égard
caractéristique. Des sauvages, sur des morceaux de France et qui s’appellent
eux-mêmes des « nettoyeurs de kouffars » - n'acceptent pas que la Police, qui
représente la France viennent les contrôler. Ces territoires sont perdus mais
pas pour tout le monde, gagnés notamment par l'islamisation et le refus, la haine
du pays, des « céfrans », des « Gaulois » et des « faces de craie ». Le
multiculturalisme porte deux fruits amers : le premier a le goût de la
soumission : le peuple qui arrive chez nous n'en est que plus conquérant, il
impose sa loi puisque celle-ci est immédiatement acceptée, et le deuxième a le
goût de l’amertume : le peuple autochtone est invité à pratiquer la haine de
soi, la honte, la mémoire pénitentielle, c’est une expulsion morale.
Nous sommes en train
d'oublier nos racines et d'accepter la sécession. L'islamisation de l'Europe
est le plus grand danger que nous ayons jamais connu depuis les premières
invasions. Pourquoi ? Parce que c'est la première invasion qui se fait en
douceur, où l'envahi est fasciné par l'envahisseur, et où il rentre en empathie
avec lui. Nous allons chercher les migrants en mer. Nous organisons l’invasion.
Souvenons-nous que les Wisigoths et les Burgondes étaient gentils et doux, et
souvenons-nous qu'ils ont pris le pouvoir dans la tranquillité. La conquête
passe par le nombre.
On a pu le voir jeudi
soir au cours du premier débat de la primaire de la droite, les questions
économiques occupent une place aussi importante que les questions sur
l'identité de la France. Parmi les candidats actuels, y en a-t-il qui vous
semblent pouvoir répondre aux enjeux que vous soulignez ?
Je comprends votre
question mais, ayant quitté l'arène par la grande porte, je ne compte pas y
revenir par un portail du web, fût-il prestigieux. Je m'interdis d'interférer
avec la politique politicienne. Non pas par une timidité tardive, mais pour
être à la bonne hauteur.
J'ai regardé ce débat :
on aurait dit un alignement de têtes de gondoles dans un magasin de compléments
nutritifs. Les questions étaient intéressantes, les réponses ne l'étaient pas
moins, mais le débat portait sur des questions secondaires, c’est-à-dire non
vitales. Il me rappelait les échanges des années 80 et le film Titanic, où les
convives tapent la carte sur le pont du navire, où l'on se chamaille sur la
qualité des vins pendant que le bateau coule. Les candidats de la droite
parlent de la TVA, de l'âge de la retraite pendant que la France meurt.
Si je devais donner un
conseil aux candidats, c'est de mettre en avant les deux questions clés qui
commandent la survie du pays : celle de la souveraineté, pour récupérer nos
pouvoirs perdus, et celle de l'identité pour mettre fin à l'islamisation
galopante. Car nous sommes en train de perdre notre identité après avoir perdu
notre souveraineté. Le reste est littérature. Oser parler d'économie et de
société, dessiner notre avenir, sans parler de nos pouvoirs perdus et de notre
identité abîmée, c'est faire croire qu'un cul-de-jatte peut courir le 100 mètre
en moins de 10 secondes.
Il semble quand même
difficile de dire que les candidats passent à côté du sujet…
A côté du sujet
principal, si. Ils ne font que l’effleurer. Par exemple, le concept de «
l'identité heureuse » cher à Alain Juppé, qui s'est vanté de ne pas avoir lu le
Coran, est un concept dangereux. L'« identité heureuse » consiste à accepter le
face à face de deux sociétés, qui nous amènera à la guerre civile, qui prépare
ce qu'Emmanuel Kant avait appelé le Frankistan. Je regrette que l'identité
française ne soit pas au cœur de tous les débats de la présidentielle parce que
c'est la question primordiale. J'ai été effaré de lire les déclarations de
François Hollande dans « Un Président ne devrait pas dire ça ». Les
hommes politiques ont deux langages, celui du privé et celui du public.
François Hollande, en public, parle encore du voile comme d'une « coquetterie »
qu'il faut tolérer, et la Police a cessé de verbaliser les contrevenantes à
l'interdit sur le port du voile intégral. François Hollande parle de la
migration comme d'« un renouvellement nécessaire » de la société française. Il
parle de l'islam comme d'une « religion de paix » qui a toute sa place dans la
République. Et voilà qu'en privé, il nous dit que « le voile est un
asservissement », qu'il y a un « problème avec l'immigration, avec l'islam »,
qu'il y a une « partition du territoire français » et il se demande s'il n'est
pas trop tard.
J’ai écrit ce livre avec
une boule au ventre. Je souhaite, pour la survie de la France, qu'on le lise
comme un acte de lucidité et de liberté pour le Bien commun. Je ne cherche rien
d’autre. Les documents édifiants qui m'ont servi à l'écrire viennent pour la
plupart des services de renseignement qui sont aujourd'hui découragés parce
que, du fait de nos liens avec l'Arabie saoudite et le Qatar, les hommes
politiques n'osent pas prendre les problèmes d'immigration et d'islam à bras le
corps. Je les invite à faire preuve de courage, à se défaire de leurs
aliénations et à rendre à la France ce qui lui manque aujourd'hui : son
indépendance.
Les sondages sont
aujourd'hui favorables à Alain Juppé pour la primaire. S'il l'emportait le 27
novembre prochain, vers qui selon vous le courant de droite qui rejette le
concept de « l'identité heureuse » devra-t-il se reporter ?
Je vous dirai simplement
ceci : les Français doivent savoir que la campagne présidentielle risque d'être
une trahison. Aucun candidat – je dis bien aucun candidat, sur le spectre de
l’extrême gauche à l’extrême droite – n’ose dire que « l’islam est incompatible
avec la France ». Au soir du premier tour, comme pour les régionales, la
partitocratie va réunir la droite et la gauche dans la même coalition pour le
second tour. Ceux qui jouent les gros bras, en regardant les électeurs de
droite dans les yeux et en leur promettant enfin de ne plus les trahir,
cultivent un mensonge prémonitoire puisqu'ils savent que les contacts sont déjà
pris avec le camp d'en-face pour réunir les forces de la droite et de la gauche
classique au deuxième tour et, ensuite, pour gouverner ensemble, en proposant
aux Français une potion mortifère, le « multiculturalisme à la française ».
J’ai écrit ce livre parce que je ne veux pas que la voix des cloches, qui fait
remonter de la nappe profonde de nos paysages intimes, l’unité allégorique des
vivants et des morts de la symphonie française, soit recouverte par la voix du
muezzin ».
Michel Prieu
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